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Rarement a-t-on vu le Parti libéral du Québec aussi désorienté

Dominique Anglade Photo: Capture d'écran CPAQ

LETTRE OUVERTE – À son plus récent congrès, qui s’est tenu la fin de semaine dernière, la formation de Dominique Anglade en a surpris quelques-uns en adoptant de nombreuses mesures progressistes, révélant ainsi à la population qu’elle courtiserait dans les prochains mois une partie importante de l’électorat de Québec solidaire. Étonnante stratégie lorsque l’on sait que le nouveau chef parlementaire de QS, Gabriel Nadeau-Dubois, semble à la fois en mesure d’apprivoiser les progressistes les plus « radicaux » du parti, mais aussi de conforter les plus « modérés », les seuls qui auraient pu être tentés d’avaler la couleuvre aux prochaines élections et passer du côté libéral.  

Mais si seulement les ennuis du PLQ se résumaient à l’écho de ce pavé dans la mare.

En plus de flirter avec l’extrême gauche, les libéraux s’entêtent à défendre des valeurs comme « l’identification au Québec » alors que tous les autres partis représentés à l’Assemblée nationale ont justement en commun de s’identifier d’abord au Québec, mais avec l’avantage de le faire de façon beaucoup moins ambiguë que le PLQ qui insiste depuis 1867 pour combiner « l’identification au Québec » à « l’appartenance canadienne ».

Même si des centaines de milliers d’électeurs francophones fédéralistes se sont réfugiés à la CAQ dans les dix dernières années, les libéraux continuent de mobiliser de désespérants efforts afin de les rapatrier. Ils sont même prêts à aller jusqu’à produire des capsules sur le web dans lesquelles ils se vantent d’avoir été les tout premiers en 1974 à attribuer le statut de langue officielle au Québec.

Il est alors difficile de ne pas noter le ridicule de cette manœuvre lorsque l’on se rappelle que le projet de loi 22 de Robert Bourassa a justement mené le Parti libéral du Québec à une cuisante défaite aux élections de 1976. En voulant conjuguer, de façon toujours aussi énigmatique, des valeurs difficilement conciliables comme « l’identification au Québec » et « la défense de la langue française » avec « l’appartenance canadienne », de nombreux francophones déçus de l’impuissance de la loi 22, mais aussi, à l’inverse, certains membres froissés des communautés anglophone et immigrante, ont déplacé leur vote vers le Parti québécois et l’Union nationale.

Au lieu d’essayer de convaincre les francophones qu’ils ont à cœur la défense du fait français alors qu’ils se sont opposés de façon unanime à la loi 101 de Camille Laurin en 1977 et qu’ils mettent encore aujourd’hui des bâtons dans les roues du projet de loi 96, que l’on peut qualifier sans exagérer d’extrêmement modéré, les libéraux devront peut-être éventuellement abandonner l’espoir de reprendre le vote francophone à la CAQ, embrasser leur destin et se concentrer définitivement sur leurs deux électorats les plus soviétiquement fidèles, pour reprendre la formule de Jacques Houle : la minorité historique anglophone et la population issue de l’immigration. Si la nostalgie le démange, le PLQ peut sans doute continuer de courtiser discrètement encore un peu les francophones, mais la patience de la minorité historique anglophone et celle de la population immigrante atteindra un jour ses limites. Par ailleurs, ces deux électorats ont sans doute déjà commencé à s’inquiéter sérieusement de ce parti fédéraliste perdu dans la brume qui défend à temps perdu la langue française et l’interculturalisme.

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