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COVID-19 : Un changement de doctrine est encore plus nécessaire (Partie I)

corps de médecins qui travaillent pour lutter contre la covid-19
Photo: Istock/NanoStockk
Cyril Stein - B.A.A., M.B.A., gestionnaire d’opérations humanitaires d’urgence

LETTRE OUVERTE – En tant que gestionnaire d’opérations humanitaires d’urgence depuis une dizaine d’années au Canada et à l’étranger, j’ai décidé de prendre position par éthique personnelle. Cette tribune est née d’une réflexion de plusieurs mois en tant qu’acteur et observateur de la gestion de la pandémie de COVID au Canada ainsi qu’à l’étranger. Cette réflexion a également été alimentée par de nombreux échanges avec du personnel médical et non médical dans plusieurs pays qui partagent de profondes inquiétudes quant à la gestion de la pandémie et les conséquences actuelles et à venir sur la santé mentale et physique de la population.

Il y a sept mois, j’écrivais dans les colonnes du journal Métro :

« Avec la doctrine actuelle, que se passera-t-il si les vaccins ne fonctionnent pas autant qu’espéré, si une flambée importante du nombre de cas se produit ou bien si un nouveau virus à peine deux fois plus létal que la COVID apparait en 2022 ? Comme il n’y a aucune marge de manœuvre, ce sera malheureusement exactement le même scénario de submersion des capacités hospitalières habituelles qui conduiront à la réduction de l’offre de diagnostics et de soins médicaux, à la privation de liberté et d’activité économique. »

Sept mois plus tard, le constat est malheureusement sans appel. Au moindre sursaut du nombre de cas dû à un variant même très peu létal, nous assistons à une sur-réaction guidée par la peur. Or, la peur est mauvaise conseillère.

D’après la Fondation Québécoise du Cancer, « tous cancers confondus, le taux de survie nette à 5 ans est d’environ 64 % en 2021. » Autrement dit, le taux de létalité des personnes souffrant d’un cancer est d’environ 36%. En comparaison, le taux de létalité des personnes atteintes de la COVID est d’environ 1.8%. Le cancer est donc 20 fois plus létal que la COVID. Or, d’après un rapport du Ministère de la Santé et des Services Sociaux datant de septembre 2021, il y a eu environ 100,000 mammographies réalisées en moins en 2020-2021 que durant les deux années précédentes, soit une chute d’environ 30% sur un an. Pire, le dépistage du cancer du sein a été suspendu pendant trois mois, d’avril à juin 2020. En ce qui concerne les coloscopies, la baisse est d’environ 65,000 actes pour 2020-2021, soit une chute de 23% par rapport aux deux années précédentes. Et le dépistage du cancer colorectal a quant à lui connu une chute  d’environ 25% par rapport aux deux années précédentes, soit environ 150,000 dépistages en moins.

Au regard des deux dernières années qui viennent de s’écouler, il est intéressant de constater que le taux de létalité du virus est sensiblement le même dans les pays n’ayant pris aucune mesure que dans ceux ayant mis en place de nombreuses restrictions et mesures dites sanitaires. Ainsi, dans les 50 pays où la létalité COVID est la plus élevée, les taux officiels se situent entre 0.16% et 0.6% de leur population respective. Et pour ces même 50 pays, la létalité moyenne est de 0.24%. Au niveau mondial, le taux de létalité est de 0.08% de l’ensemble de la population. Autrement dit, 99.92% de la population mondiale a survécu à cette pandémie jusqu’à présent.

Le monde a déjà connu dans son histoire des pandémies qui furent autant voire bien plus létales que la COVID. La peste noire au 14ème siècle et la grippe espagnole (1916 à 1918) ont décimé respectivement 6% et 4% de la population mondiale de leur époque. Autrement dit, ces deux pandémies furent respectivement 84 et 59 fois plus létales que la COVID. Plus récemment, la grippe asiatique (1956 à 1958) et la grippe de Hong Kong (1968 à 1970) ont eu pour conséquence une létalité très comparable à la COVID avec des taux respectifs de 0.08% et 0.05% de la population de leur époque. Par conséquent, ce qui caractérise la pandémie de COVID n’est pas une forte létalité. D’ailleurs, si la mortalité générale au Québec a augmenté de près de 10% en 2020, elle a baissé d’environ 7% depuis le début de 2021, retrouvant ainsi un niveau comparable à 2019.

Ce qui caractérise cette pandémie est plutôt une fluctuation irrégulière du nombre de patients qui surcharge les capacités régulières des hôpitaux. Il est important de noter que parmi les patients atteints de la COVID et qui sont symptomatiques, 82% de ceux présentant des symptômes d’infection respiratoire aiguë (IRA) requièrent des soins réguliers et non des soins intensifs. C’est uniquement cette sur-occupation hospitalière qui a conduit le gouvernement à prendre des mesures de privation de liberté. Or, ces mesures ont paradoxalement des conséquences particulièrement graves sur la santé physique et mentale de la population, tous âges confondus.

Cyril Stein
B.A.A., M.B.A., gestionnaire d’opérations humanitaires d’urgence

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