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REM de l’est: il faut qu’on parle de technologie

Les nouvelles voitures du REM
Photo: Josie Desmarais, Métro
René Gendron - Secrétaire et responsable des communications, Coopérative du Mono

LETTRE OUVERTE – Le journaliste Michel C. Auger écrivait le 24 novembre dernier : «on ne réduira pas l’horreur de pylônes de béton sur le boulevard René-Lévesque ou la rue Sherbrooke Est en faisant plus joli, voire une signature.»

Pierre Corriveau, président de l’Ordre des architectes du Québec affirme de son côté : «Les architectes ne peuvent pas répondre à une commande qui n’est pas pertinente. La beauté et l’intelligence d’un projet doivent venir ensemble, et dès le départ.»

CDPQ Infra a fait le choix d’une technologie «mammouth». Les mammouths sont bien sympathiques. Mais ils ne sont pas faits pour circuler dans une boutique de porcelaine ou entre les habitations de quartiers déjà en place depuis des décennies. On pourra bien leur donner une coupe de cheveux signature faite par un grand styliste, les habiller d’une structure de résille, les mammouths sont des mammouths. Le discours raffiné et séduisant des grands architectes internationaux embauchés par CDPQ rappelle celui de Clotaire Rapaille à une autre époque.

Le problème du projet de REM de l’Est n’est pas tant de décider s’il passera en l’air, sur terre ou sous terre. Il dans le choix de la technologie, additionnée d’une orgie de béton. Ce choix que CDPQ Infra, inflexible, cherche à imposer suscite toute cette contestation, tout ce rejet.

«CDPQ Infra travaille avec une pensée des années 60.» déplore Gérard Beaudet, professeur à l’École d’urbanisme et d’architecture de paysage de l’Université de Montréal.

CDPQ est en retard d’une génération dans son choix de technologie. Il s’aligne sur ce qui a été fait dans les dernières décennies.

Les Émirats arabes unis sont en train de développer des monorails suspendus sur la base de Unitsky String Technologies, connus aussi sous le nom de Sky World ou Sky Way. La Suisse, Porto Rico, le Lesotho, la Russie, la Biélorussie et l’Australie s’intéressent à ces véhicules légers, flexibles et rapides.

Plus près de chez nous, la COOP MGV développe une technologie similaire depuis des années.

Beaucoup plus esthétique et épuré, beaucoup moins invasif, beaucoup plus flexible que le mammouth de DCPQ Infra, le monorail suspendu pourrait s’intégrer parfaitement dans le tissu urbain délicat d’une grande ville comme Montréal et parfaitement jouer le rôle d’un REM.

Contrairement au mammouth de CDPQ Infra, le monorail suspendu de la COOP MGV pourrait, par exemple, circuler au-dessus de l’autoroute Ville-Marie et poursuivre son chemin vers l’Est de Montréal en suivant le port. Le tout, sans retirer aucune voie de circulation, sans expropriation, sans interférer avec la circulation des véhicules, des piétons ou des animaux et sans déchirer les quartiers où les gens vivent.

Le monorail s’inspire de l’aviation et utilise une infrastructure aérée, légère et capable d’intégrer la végétation. Sans les horribles caténaires et pantographes du REM, le filage étant intégré aux rails confinés, eux-mêmes totalement à l’abri de la neige, de la glace et des intempéries.

Tout cela pour 10 fois moins cher que le mammouth de CDPQ Infra. Peut-on en haut lieu continuer à ignorer volontairement les solutions beaucoup moins coûteuses?

«La station du REM, est un désastre financier pour ADM», affirmait récemment son PDG Philippe Rainville. Avec le monorail, les 8 km reliant l’aéroport à la station Bois-Franc du REM, n’auraient coûté que 200 millions $ à ADM au lieu de 600 M$, sans nécessiter de creuser un tunnel.

Comment expliquer que le monorail suspendu de la COOP MGV ne fasse pas partie de la conversation? Comment se fait-il qu’on n’ait jamais dépensé un seul sou pour le considérer sérieusement et étudier comment ce monorail pourrait mieux desservir les besoins de transport des résidents de Montréal et de partout ailleurs? Est-ce que c’est seulement CDPQ Infra ou le gouvernement qui ont le droit de décider de quel projet on discute et desquels on ne discute pas?

Y aura-t-il un ou une politicienne assez courageux·se pour se lever et mettre un frein à cette catastrophe annoncée? Ou ne faudra-t-il compter que sur la société civile pour le faire?

René Gendron
Secrétaire et responsable des communications, Coopérative du Monorail à Grande Vitesse

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