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Parlons de la santé mentale des tout-petits

santé mentale des enfants
Photo: Istock/Sladic
Fannie Dagenais - Directrice de l’Observatoire des tout-petits

LETTRE OUVERTE – Cette semaine se tiendra la Journée Bell Cause pour la cause, un moment au Québec pour parler de santé mentale. Au fil des 10 dernières années, ce dialogue a permis de déboulonner bon nombre de fausses croyances et de mieux comprendre les réalités vécues par les personnes qui souffrent d’un problème de santé mentale. L’une d’elles passe malheureusement trop souvent sous le radar: la santé mentale des tout-petits. Et si on profitait de cette 11e édition pour en parler?  

Comment se construit la santé mentale chez les tout-petits?

Saviez-vous que le cerveau d’un bébé triplera de volume pendant les trois premières années de sa vie? Cette période où le cerveau se développe en accéléré est cruciale pour le développement de l’enfant, sa santé physique et sa santé mentale. Le développement du cerveau est d’abord influencé par la qualité des interactions de l’enfant avec les personnes qui l’entourent, comme ses parents ou le personnel de son service de garde éducatif.  Un lien d’attachement sécurisant entre l’enfant et les adultes qui prennent soin de lui favorise le développement de l’estime de soi et de la santé mentale des tout-petits.

La qualité des milieux de vie dans lesquels grandit l’enfant, comme son logement, son quartier ou son service de garde éducatif peuvent aussi influencer la santé mentale des tout-petits. Des milieux de vie de moins bonne qualité – comme un quartier non sécuritaire, un logement insalubre ou trop dispendieux – augmentent le stress au sein de la famille.  L’accumulation des sources de stress peut réduire la disponibilité mentale des parents et leur capacité à bien répondre aux besoins de l’enfant.  Au contraire, des milieux de vie de qualité favorisent la santé mentale des tout-petits, et la capacité des parents à prendre soin de l’enfant.  

L’effet de la pandémie

Une étude canadienne* révèle que chez les adultes, les parents de jeunes enfants sont ceux dont la santé mentale a été la plus affectée par la crise sanitaire. Les sources de stress comme la précarité financière, l’insécurité alimentaire, les problèmes de logement ou la peur de la maladie se sont accumulées au sein des familles, tout particulièrement chez les familles de milieux défavorisés.

Et les tout-petits? Chez les enfants de 2 à 12 ans, les études rapportent une augmentation des problèmes de comportements, de l’anxiété et de la dépression. Selon un sondage québécois**, 39 % des parents d’enfants de 0 à 5 ans ont observé que leur enfant était plus souvent irritable ou prompt à faire des colères qu’avant la pandémie et 23 % ont observé que leur enfant pleurait plus souvent. La bonne nouvelle, c’est qu’un enfant possède une grande capacité d’adaptation. Autrement dit, rien n’est immuable et nous avons tout intérêt à agir.

Quelles sont les solutions?

D’abord, un meilleur accès aux ressources en santé mentale est essentiel, tant pour les adultes qui entourent l’enfant que pour les enfants eux-mêmes. Ensuite, il faut agir sur les conditions de vie. Des mesures comme le soutien financier aux familles vulnérables, les banques alimentaires ou les programmes qui favorisent l’accès à un logement abordable contribuent à diminuer le stress des familles et à améliorer le climat dans lequel les tout-petits évoluent. Agir sur la qualité des logements ou des quartiers, en offrant des lieux publics sécuritaires qui permettront à l’enfant de socialiser et de jouer à l’extérieur, est une autre façon de favoriser la santé mentale. 

Et si nous réfléchissions aux choix de société que nous sommes en mesure de faire pour diminuer le stress d’un cran au sein de tous les logis?

*Solutions Mieux-être LifeWorks, Indice de santé mentale – La santé mentale un an après le début de la pandémie de COVID-19, mars 2021.

** Les données présentées proviennent d’un sondage sur le Web, réalisé par Léger du 29 octobre au 2 novembre 2020 auprès de 501 Québécois(es), parents d’enfant de 0 à 5 ans, pour le compte de l’Observatoire des tout-petits.

Fannie Dagenais
Directrice de l’Observatoire des tout-petits


Ressources d’aide immédiate pour les parents
LigneParents : service d’intervention accessible jour et nuit, gratuit, confidentiel et offert à tous les parents d’enfants âgés de 0 à 20 ans 
Info-Social : Pour joindre rapidement un professionnel en intervention psychosociale, composez le 811 
Naître et grandir: source d’information pour les parents fiable et validée scientifiquement naitreetgrandir.com . Plus particulièrement, le texte: Vivre avec le stress parental en temps de crise  
Première ressource, aide aux parents: une ressource pour soutenir les parents dans l’éducation de leur enfant qui offre des consultations confidentielles et gratuites par téléphone, courriel ou clavardage en français et en anglais. www.Premiereressource.com

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