Repenser le condo
En général, les Nord-Américains préfèrent la maison unifamiliale isolée au condo.
Un peu plus du tiers des Canadiens habitent dans un appartement et, jusqu’aux années 1970, le mot «condo» était pratiquement inconnu sur ce continent, à l’inverse de l’Europe et de l’Asie. On considérait que les appartements étaient destinés à des locataires, principalement des célibataires et des aînés.
Ces dernières années, la situation a évolué. Devant l’expansion urbaine et les problèmes de transport et de navette, les célibataires et les jeunes couples, en particulier, ont réexaminé les avantages de la vie de banlieue. Des tours d’habitation ont commencé à pousser comme des champignons un peu partout. Malheureusement, les dernières idées novatrices et exceptionnelles datent des années 1960, culminant avec la construction d’Habitat 67 dans la Cité du Havre, à Montréal, à l’occasion de l’Expo 67. Depuis, la façon de concevoir la copropriété a peu changé. Les structures sont plus hautes et sophistiquées, notamment à Toronto et à Vancouver, mais les architectes se sont bornés à parfaire leur look.
L’intérêt accru que suscite le condo représente une occasion en or de stimuler l’innovation dans la conception des immeubles en copropriété. Par exemple, le nombre de résidants justifierait l’intégration de fonctions commerciales. L’immeuble pourrait abriter des commerces, des salles communes et, pour les travailleurs à domicile, des salles de conférence à louer. Dans un autre ordre d’idées, les promoteurs pourraient cibler les jeunes familles comme clientèle principale en aménageant des espaces verts sur le toit ou des cours intérieures couvertes où les enfants pourraient jouer en hiver. En outre, ils pourraient s’inspirer d’Habitat 67 pour dessiner des plans qui ne se limitent pas aux simples tours. Des immeubles de 10 étages peuvent être conçus de façon à procurer de l’intimité et à comporter des cours arrière.
De plus, une certaine latitude pourrait être offerte en ce qui concerne les espaces, les dimensions et l’aménagement des appartements. Cette philosophie a amené Le Corbusier à créer l’unité d’habitation de Marseille, une idée qui pourrait être exploitée dans les plans actuels. Quant à l’exposition au soleil dont les condos jouissent, elle leur permettrait d’assurer leur autosuffisance énergétique. Des panneaux solaires pourraient leur fournir une autre source d’électricité en cas de panne.
L’appartement ne doit pas nécessairement rivaliser avec la maison unifamiliale; il peut simplement offrir un autre type d’expérience. Si les autorités municipales sont sérieuses quant à la nécessité de freiner l’expansion urbaine et si les promoteurs souhaitent exploiter un nouveau créneau de marché, le moment est opportun. Ils devront néanmoins faire preuve d’innovation.