Aller simple pour Montréal
Une fois par mois, Métro propose, en collaboration avec le projet Alliés
Montréal de la Conférence régionale des élus de Montréal (CRÉ), des
portraits de personnes immigrantes qui ont réussi à s’intégrer dans leur
milieu de travail.
Farid Djouder, originaire d’Algérie, a choisi à 36 ans de commencer une nouvelle vie à Montréal, où il s’est établi avec sa femme il y a 10 ans.
Entrevue. Depuis l’enfance, Farid Djouder rêvait de venir au Canada. Un jour, un de ses collègues en Algérie lui a annoncé son départ… pour le pays de ses rêves. Ça a suffi à ranimer son espoir. «Je pensais être devenu trop vieux pour ça. J’ai suivi les quelques conseils de mon collègue et j’ai posté ma demande d’immigration.»
Après quatre ans de démarches, à 36 ans, en septembre 2000, il pose les pieds sur le sol canadien avec sa femme. Il entame alors une nouvelle vie. Rien devant lui, sauf le désir de découvrir et d’apprendre. «Je ne peux pas dire que j’ai trouvé ça si difficile. Quand on émigre, on se met en tête qu’on repart à zéro, et ça nous arme pour affronter l’avenir. J’étais renseigné sur le pays où j’arrivais et j’étais préparé à toute éventualité.»
Cela incluait de faire un job qui n’est pas le sien. Cet informaticien d’expérience a d’abord travaillé comme vendeur dans un Wal-Mart, alors qu’il ne connaissait rien au domaine de la vente. Puis, dans un Salon de l’emploi, il a rencontré quelqu’un des magasins Rona qui l’a engagé dans le département d’informatique. Il y est depuis février 2001 et est maintenant superviseur. «Je fais partie des meubles», lance-t-il en souriant.
Pour lui, les collègues de travail remplacent un peu sa famille, restée en Algérie ou en Europe. «Le plus difficile, c’est d’être loin de ma famille, de ma mère. Ça me manque toujours autant», confie-t-il. Ce n’est cependant pas assez pour le faire revenir en arrière : Farid se disant très heureux ici.
Apprendre grâce aux gens
Farid est un homme patient et pense qu’il faut laisser le temps aux gens de s’apprivoiser. «Au début, nos voisins ne nous disaient même pas bonjour, à cause d’une certaine réserve, je crois. Avec le temps, nous avons sympathisé et nous organisons même des parties de pétanque ensemble.»
Il constate que les gens au Québec sont réservés par rapport aux Méditerranéens. «C’est naturel de commencer à parler à des gens en Italie pendant que tu attends l’autobus, alors qu’ici ça ne se fait pas de parler aux gens que tu ne connais pas.» Par contre, partout où il est allé au Québec, il a trouvé les gens avenants. «Que ce soit à Montréal ou en région, je me suis toujours perdu en chemin et, toujours, les gens m’ont aidé! Ce n’est pas dans tous les pays comme ça!»
Farid va facilement vers les gens, mais a adapté son approche et se dit toujours bien reçu. «Moi, je me dis : tu pars dans un monde où c’est toi qui es différent des autres! Ce ne sont pas des difficultés, mais des occasions d’apprendre. J’ai tellement appris de tous mes échanges avec les gens!»
Il a d’ailleurs appris à aimer le camping grâce à des collègues et il en fait régulièrement depuis ce temps. Il peut ainsi découvrir les grands espaces qui l’ont tant attiré quand, petit garçon en Algérie, il voyait des documentaires. «Il y a beaucoup de choses à découvrir ici. Je n’ai pas fini de faire le tour du Québec!»