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Damnés chiffres!

D’après une étude récente du Conseil canadien de l’apprentissage, près de 55 % des adultes canadiens présenteraient un niveau de connaissances du calcul insuffisant pour répondre aux exigences de la vie quotidienne. De plus, 49 % seraient incapables d’utiliser de l’information présentée sous la forme de tableaux ou de graphiques.

Le Conseil base ces estimations sur les données de l’Enquête internationale sur l’alphabétisation et les compétences des adultes menée en 2003 par Statistique Canada. Cette enquête a permis d’évaluer les capacités d’un échantillon représentatif d’adultes canadiens âgés de 16 ans et plus. Leurs habiletés de calcul ont été comparées à une norme internationale, qui indique le niveau minimal de compétences nécessaire à la vie de tous les jours.

La norme a été produite par l’Organisation de coopération et de développement économiques (OCDE) en comparant les données de plusieurs pays. La sortie de cette étude a à peine attiré l’attention des médias. Ces résultats sont pourtant dramatiques. En effet, l’incapacité d’utiliser des chiffres ou de faire des calculs de base peut être comparée à une forme d’invalidité dans nos sociétés modernes.

J’en ai eu la preuve récemment lorsque plusieurs personnes m’ont demandé, à ma surprise, si elles avaient les moyens de retourner aux études si elles le désiraient. J’ai dû leur expliquer en long et en large que la seule façon de répondre à cette question, c’était qu’elles dressent un budget étudiant. Dresser un budget demande néanmoins d’estimer, d’additionner et de comparer des nombres, des habiletés qui semblaient avoir été oubliées par mes interlocuteurs.

Pire, ils ne s’étaient pas rendu compte que leur questionnement ne pouvait être résolu que par une stratégie qui suppose des calculs, soit justement le fait de dresser un budget. Cette «invalidité» est d’autant plus sérieuse que la vie moderne nous force constamment à affronter les chiffres. Pensons par exemple à l’utilisation d’une table de taux hypothécaires ou aux calculs nécessaires à la planification de sa retraite et à la gestion d’une carte de crédit. D’après cette enquête, un nombre important d’entre nous sont incapables d’accomplir ces tâches. Ces personnes adopteront alors les mêmes stratégies que les vrais invalides : elles négligeront ces besognes, dépendront d’autres personnes pour les réaliser ou trouveront un moyen de les éviter.

Tout comme si on leur avait coupé une jambe, leur capacité de gérer leur propre existence est donc entravée. Contrairement à une vraie invalidité cependant, celle-ci est réversible. Prenez la résolution de ne plus éviter les tâches, même insignifiantes, qui demandent d’utiliser des chiffres ou d’effectuer des calculs simples. Ça ne sera peut-être pas plaisant au début, mais vous deviendrez plus habile avec le temps. Vos nouvelles capacités vous donneront alors un sentiment précieux de contrôle sur votre propre existence.

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