L’ABC de la réorganisation du travail en temps de pandémie
Passer au télétravail et aux outils de collaboration numérique à vitesse grand V nécessite de l’agilité et une réorganisation en profondeur des habitudes de travail. Des entreprises ont relevé le défi avec enthousiasme.
Pour certains, le télétravail était déjà partie intégrante de la culture d’entreprise ou en voie de le devenir. C’est ainsi que, chez Industrielle Alliance, tout le monde était fin prêt à basculer dans le confinement.
«Nos employés réclament le télétravail depuis longtemps parce qu’ils recherchent plus de flexibilité, explique Jean-François Boulet, CRHA, vice-président exécutif Expérience client et employé. Notre comité de continuité des opérations, composé d’employés aux profils variés, nous a recommandé très vite d’envoyer tout le monde à la maison, avant même les directives du gouvernement.»
Vidéoconférences, communications sur différentes plateformes de collaboration et modules de formation en e-learning ont donc été grandement utilisés. «On a aussi pu profiter d’une grande mobilisation interne pour s’entraider, ajoute Jean-François Boulet. Ceux qui ont moins de travail ont volontairement prêté main-forte aux autres, même pour des tâches qui dérogent un peu de leurs tâches habituelles. Cette attitude est très forte chez nous, mais elle s’est accentuée.»
Qui dit télétravail dit aussi amenuisement de la vie sociale. Chez Element AI, une entreprise spécialisée en intelligence artificielle, la question a été prise au sérieux. «Recréer les moments de groupes et la culture festive de l’organisation a été une priorité, explique Anne Mezei, CRHA, VP People. L’importance du réseau social créé au travail est l’une de nos valeurs cardinales, associée à une structure hiérarchique flexible qui favorise la bonne entente et le ludisme. Alors, en plus des conversations et des apéros en visioconférence, on a instauré une plateforme de conférences spontanées pour que les employés viennent nous parler de leurs passions hors du travail et pour qu’ils y impliquent leurs familles, s’ils le souhaitent. L’initiative a eu un succès qui nous surprend !»
Des enjeux de santé et de confort
Prenant à nouveau de l’avance sur les recommandations du gouvernement, Industrielle Alliance a fourni gratuitement deux couvre-visages à chacun de ses employés, livrés à la maison.
Le télétravail ampute considérablement la vie sociale des employés, un problème pris au sérieux par bon nombre d’employeurs.
Chez Element AI, c’est le confort des employés qui a été la première préoccupation. Des camions ont été mobilisés, non pas pour livrer des masques ou des gels désinfectants, mais bien des chaises de bureau ergonomiques à tous ceux qui ont réalisé qu’ils ne disposaient pas des meilleures installations pour travailler à la maison.
Réorganiser le travail d’usinage
Après avoir temporairement mis à pied de nombreux employés, la petite usine Diacarb, qui fabrique des composantes complexes et précises, a réintégré un bon nombre d’employés. Mais peut-on travailler en usine en respectant les règles de distanciation physique ?
«Ce n’est pas si difficile pour nous puisque chaque machine est manœuvrée par un seul employé, explique la directrice générale France Vallée, CRHA. Mais on se demande comment faire pour la formation des nouveaux employés. Il faut envisager des solutions technologiques qui sont inusitées pour nous !»
En attendant, les employés ont accepté d’enfiler systématiquement masque et visière pour les séances de formation, une solution approuvée par les instances de santé et sécurité. Mais la PME compte bien faire l’essai des lunettes connectées qui permettent de voir le détail de la machine même en se tenant à distance. Des capsules vidéo viendront aussi soutenir la formation en personne à l’usine.
Cet article a été rédigé par l’Ordre des conseillers en ressources humaines agréés du Québec.