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Diversité: 3 Québécois sur 10 la voient au travail. Et les autres?

Des professionnels issus de la diversité autour d'une table
Photo: 123RF

La diversité et l’inclusion sont-elles visibles sur le marché du travail au Québec? Les travailleurs québécois sont seulement 30% à répondre oui. Et moins de la moitié se dit au courant des politiques internes en la matière. Comment expliquer ces chiffres? 

En matière de diversité et d’inclusion, le Canada et le Québec pourraient mieux faire, révèle un nouveau sondage d’ADP Canada et de Maru/Blue, réalisé sur 1546 employés au pays.

De façon générale, les Canadiens estiment que leurs lieux de travail pourraient apporter des améliorations sur ces questions. 

Au Québec, moins de la moitié (42%) des travailleurs se disent par ailleurs au courant des politiques en matière de diversité au sein de leur organisation. Il s’agit du taux le plus faible au pays. 

Pour Dafina Savic, cofondatrice de Uena, agence d’impact social spécialisée en relations publiques et gouvernance, ces chiffres ne sont pas surprenants. C’est, dit-elle, une réalité que l’on observe depuis longtemps. 

«Cela dit, nous sommes davantage sensibilisés à ces questions depuis quelques années, voire encore plus ces derniers mois. Elles sont maintenant devenues plus visibles». Dafina Savic, co-fondatrice de Uena

Selon Mme Savic, même si une entreprise s’est dotée d’une politique en matière de diversité, l’important pour elle va être de concrétiser ces valeurs en «actions concrètes.» Et cela commence par des communications solides à l’interne. 

Tania Saba, fondatrice et titulaire de la chaire BMO en diversité et gouvernance de l’Université de Montréal, rappelle au passage que bon nombre d’entreprises n’ont même pas implanté ce type de politique.  

«On a fait une étude et sur 1500 entreprises au Canada, on a constaté que 40% n’avaient aucune mesure en matière d’équité en emploi», renseigne la spécialiste en matière de gestion de la diversité. 

«Souvent, les entreprises ne se rendent même pas compte de la nécessité de faire quelque chose. Dans bien des cas, on n’en est même pas rendus là». Tania Saba, UdeM 

Inégalités et minorités ethniques

Selon le sondage, les femmes et les minorités ethniques visibles rapportent davantage de jugements et d’inégalités en milieu de travail. 

Ainsi, 31% des travailleurs issus d’une minorité ethnique signalent des comportements problématiques. Ce taux est deux fois supérieur à celui constaté chez l’ensemble des travailleurs canadiens. 

À 32%, ils estiment en outre que leur appartenance ethnique a eu des conséquences négatives sur leur avancement professionnel. De plus, 50% d’entre eux estiment que leur origine n’est pas représentée dans la composition de leur équipe de direction.

«Ça reflète la réalité des choses, déplore Mme Saba. Non seulement il y a des discriminations directes mais aussi tout ce qui est systémique».  

Parallèlement, bon nombre de Canadiens assurent ne jamais avoir vécu ou observé de comportements inappropriés dans leur travail actuel. 

Sur ce point, le Québec affiche même le taux le plus élevé au pays avec 81% des travailleurs qui disent n’avoir jamais rien constaté d’inapproprié. 

«Les discriminations se font de plus en plus subtiles. On va voir des micro agressions, des biais cognitifs. Ça se passe au moment de prendre une décision: à qui l’on donne une promotion, un stage, une formation». Tania Saba, UdeM 

Pour garder vos employés, soyez inclusifs

Plus positivement, le sondage montre que les jeunes travailleurs disposent d’une plus grande conscience des questions de diversité et d’inclusion. 

Près de la moitié des Canadiens âgés de 18 à 34 ans (47%) seraient ainsi plus fidèles à une organisation qui prend publiquement position en faveur de la diversité et de l’inclusion. 

Les plus jeunes désirent voir une équipe de direction plus diversifiée au sein de leur organisation. Mais aussi davantage d’événements ou d’initiatives qui favorisent l’apprentissage culturel et l’inclusion. 

Est-ce encourageant pour le futur?

«On l’espère, répond Tania Saba de l’UdeM. Les plus jeunes ont vécu la diversité plus tôt et de manière naturelle. Mais est-ce suffisant?». 

Pour elle, l’humain est si ethnocentré que, pour vraiment faire bouger les choses, il va falloir prendre «des mesures structurées dans les organisations», dit-elle. 

D’autant que, comme le déplore Dafina Savic, les entreprises attendent souvent une situation de crise pour réagir, au lieu d’agir de façon préventive. 

«Les entreprises ne doivent voir la diversité ni comme un enjeu ni comme un défi, mais simplement comme un fait. Elles doivent la considérer de façon naturelle, et que ça fasse partie de leur ADN». Dafina Savic, co-fondatrice de Uena


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