Les pharmacies des hôpitaux en état de crise
Si les infirmières du Québec sont exténuées par les heures supplémentaires, les pharmaciens en milieu hospitalier le sont quatre fois plus.
La pénurie de ces professionnels de la santé, qui a atteint 24 % – un sommet au cours des 10 dernières années –, pourrait avoir de graves conséquences pour les patients du Québec.
L’été dernier, un hôpital de la Gaspésie est demeuré sans pharmacien pendant 24 heures, ce qui signifie que les doses administrées aux patients n’ont jamais reçu l’aval d’un spécialiste. Cette journée s’est vécue dans un contexte où l’administration de médicaments repose sur un savoir très précis quant à l’état de santé du patient, au mode d’injection et à l’évolution de l’industrie pharmaceutique.
Selon la directrice générale de l’Association des pharmaciens des établissements de santé du Québec (APES), Linda Vaillant, partout au Québec, des chirurgies et des traitements sont régulièrement reportés, faute de pharmaciens dans les hôpitaux.
«Ça frôle tout le temps le précipice. On est 1 500 dans la province, mais notre taux de pénurie est quatre fois plus important que celui des infirmières. On a même dépassé le personnel infirmier en pourcentage d’heures supplémentaires.»
Selon l’association, il manque 300 pharmaciens hospitaliers dans la province, sans compter les 60 postes non affichés.
L’explication de cette pénurie, selon la directrice, réside dans la faiblesse des salaires offerts aux pharmaciens en milieu hospitalier par rapport à ceux du secteur privé, un écart de 30 000 $ en moyenne qu’une entente récente avec le gouvernement n’a pas réussi à combler.
L’association travaille maintenant à un plan visant à convaincre les jeunes des conditions de travail et de retraite plus avantageuses en milieu public.
«On veut que le gouvernement se mêle du plan d’attraction. On a besoin de lui parce qu’ultimement, c’est lui, l’employeur.»
Salaires
En septembre 2012, l’Association des pharmaciens des établissements de santé du Québec concluait avec le ministère de la Santé du Québec une entente sur un rattrapage salarial important pour les pharmaciens qui travaillent en milieu hospitalier.
Avant le 23 septembre, un diplômé en pharmacie se voyait offrir un salaire de 95 000 $ dans le secteur privé dès la fin de ses quatre années d’études universitaires. En comparaison, avant le 23 septembre, un diplômé en pharmacie en milieu hospitalier se voyait offrir un salaire de 62 000 $ après avoir fait six années d’études universitaires, une formation plus longue en raison de la complexité de la tâche. Le rattrapage salarial de septembre permet maintenant d’offrir près de 80 000 $ aux nouveaux pharmaciens hospitaliers.