Un voyage formateur au Sénégal pour neuf étudiants
«Au Sénégal, on considère la mort comme une amie tellement on la côtoie souvent», explique Mildred Dorismond, professeure au Cégep du Vieux-Montréal et fondatrice du projet de stage Sénégal en santé.
Huit étudiants en soins infirmiers et une finissante en photographie mettront le cap sur ce pays d’Afrique de l’Ouest le 16 avril pour mettre en pratique leur savoir-faire.
L’objectif du projet est d’amener les stagiaires à appliquer une démarche de soins adaptée à une clientèle aux réalités sociales et culturelles distinctes.
Depuis 2001, ce stage bisannuel envoie des étudiants à Thiès et dans trois villes en périphérie. Les étudiants visiteront des villes dont les habitants n’ont pas accès à des soins médicaux. «Les gens nous attendent et nous reconnaissent d’année en année. Nous ne sommes pas des sauveurs, mais nous leur offrons une aide précieuse», confie la responsable du stage. Le cégep collabore avec l’École des infirmiers et infirmières Monseigneur Xavier Dione de Thiès, qui s’occupe de l’hébergement des stagiaires chez des religieux et de leur intégration dans des dispensaires des environs.
Avant le grand départ, Mildred Dorismond donne des ateliers de préparation pour aider ses étudiants à affronter la réalité sénégalaise. «Nous les informons des mœurs parfois envahissantes des Sénégalais et des maladies endémiques présentes, affirme-t-elle. Nous les préparons mentalement à côtoyer une mort injuste qui pourrait facilement être évitée ici. Malheureusement, il y a plusieurs réalités qui se gèrent sur le moment et dont aucune préparation ne peut atténuer l’impact.»
En 12 années de stages, seulement 3 étudiants ont subi un choc culturel majeur nécessitant un rapatriement au Canada. Un processus de sélection détermine les participants qui semblent prêts à affronter ce type d’aventure. «Les premiers stages du DEC en soins infirmiers nous ont permis de mettre nos connaissances en application, constate l’étudiante Andréanne Dufour. Nous détenons maintenant toutes les qualifications nécessaires à notre profession.»
N’ayant jamais voyagé, le finissant en soins infirmiers Jean-Michel Lévesque anticipe l’expérience avec confiance : «Je crois que je vais bien m’adapter au mode de vie sénégalais. Ce qui m’inquiète davantage, ce sont les maladies qui nous sont inconnues. Côté culturel, j’espère ne pas froisser les patients en abordant des sujets qui sont tabous pour eux.»
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Finissante en photographie, Ève-Marie Beauchemin ira pour sa part documenter l’expérience en photos. L’étudiante accompagnera l’équipe dans le cadre de son projet de fin d’études. «C’est une chance unique d’acquérir une expérience en photojournalisme qui ne s’obstient que sur le terrain», souligne-t-elle.
Les neuf étudiants avaient, au moment de mettre sous presse, amassé la somme de 45 400 $ pour financer leur voyage. En plus de couvrir les frais du stage, ces fonds serviront à l’achat de matériel médical et scolaire pour les Sénégalais.
En chiffres
- Le stage existe depuis 2001.
- Pas moins de 22 cohortes d’étudiants y ont participé, et plus de 150 étudiants se sont envolés vers le Sénégal.
- Le budget est de 45 000 $ par cohorte.
- Quatre villes sénégalaises sont desservies par le projet.
- Le stage dure un mois.