Enseigner aux malvoyants, tout un défi!

Il y a sept ans, Julie Maurice a dû apprendre le braille. Non pas qu’elle ait perdu l’usage de ses yeux; la jeune femme venait plutôt de décrocher un poste à l’école Jacques-Ouellette, un établissement spécialisé en déficience visuelle.

Comment êtes-vous arrivée à l’école Jacques-Ouellette?
Plus jeune, je travaillais dans des camps de jour en tant qu’accompagnante pour des jeunes souffrant d’un handicap, comme des enfants trisomiques. J’ai découvert que je pouvais facilement nouer des liens avec eux et que j’avais la patience nécessaire pour travailler avec cette clientèle. J’ai donc décidé de faire un baccalauréat en adaptation scolaire et sociale, à l’UQAM. Après mes études, j’ai eu quelques contrats, puis on m’a offert un poste à l’école Jacques-Ouellette.

Êtes-vous rattachée à un niveau en particulier?
À l’époque où je l’ai fait, le baccalauréat en adaptation scolaire nous qualifiait autant pour l’enseignement au primaire que pour l’enseignement au secondaire. Comme l’école Jacques-Ouellette accueille des élèves de 4 à 21 ans, j’ai eu la chance de toucher un peu à tout. Au début, j’étais au secondaire et, cette année, j’avais une classe de 3e et de 4e année.

Quels défis quotidiens devez-vous surmonter?
Il y en a plusieurs! Habituellement, avec une aide adéquate, les jeunes ayant une déficience visuelle peuvent très bien intégrer une école ordinaire. S’ils fréquentent notre établissement, c’est souvent parce qu’ils ont des problèmes associés, comme des difficultés d’apprentissage ou des troubles de comportement. Par ailleurs, sur le plan scolaire, les enfants ne progressent pas tous au même rythme. Certains peuvent réussir leur niveau du premier coup, d’autres peuvent mettre deux, voire trois ans pour y arriver. Et puis, certains de mes élèves sont complètement aveugles, tandis que d’autres sont malvoyants. Ça demande donc une grande capacité d’adaptation… et beaucoup de planification! Je dois aussi composer avec les parents.

«Ce n’est pas toujours facile d’avoir un enfant différent. Les parents ont parfois besoin qu’on les écoute, qu’on les rassure.» – Julie Maurice

Quelle est votre plus grande réussite?
Il y a quelques années, j’ai monté une équipe de hockey cosom pour les élèves du primaire. Lors de nos premières participations au Défi sportif, un événement qui rassemble des athlètes qui ont différentes déficiences, on se faisait battre à plate couture. Mais cette année, on a gagné la médaille d’or dans notre division! J’étais vraiment émue, parce que certains des joueurs étaient là depuis les débuts de l’équipe. Quand j’ai vu la fierté dans leurs yeux, ça m’a beaucoup touchée.

Qu’est-ce que vos élèves vous ont appris?
La persévérance. Ce sont des élèves qui ne lâchent pas, malgré leurs difficultés. Leur victoire au Défi sportif en est la preuve!

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Qui était Jacques Ouellette?
Ordonné prêtre au milieu des années 1950, Jacques Ouellette a travaillé pendant 20 ans à l’Institut Louis-Braille, l’ancêtre de l’école qui porte aujourd’hui son nom. Il s’intéressait tout particulièrement à la conception de matériel pédagogique tactile, notamment pour l’enseignement de la géographie.