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De l’immigration à l’entrepreneuriat, un parcours peu banal

Photo: Yves Provencher/Métro

Une fois par mois, Métro propose, en collaboration avec le projet Alliés Montréal de la Conférence régionale des élus de Mont­réal (CRÉ), des portraits inspirants de Montréalais issus de l’immigration qui témoignent de leurs parcours et de leurs succès.

Comment passe-t-on d’un comptoir de banque à la direction de la première école de parfumerie au Canada? En émigrant de France au Québec, d’abord. Et en cultivant audace et ténacité, ensuite.

Chaque matin, Clarisse Monereau fait ses gammes. Assise devant l’orgue à parfums, elle hume pour exercer son nez. Quand elle raconte son histoire, c’est l’arôme de la détermination qui chatouille les narines. En plein fol hiver 2007, elle débarque à Montréal, en provenance de la France, pour y suivre son mari. Elle ne peut se douter qu’elle vient de poser le pied sur un échelon qui l’amènera, quelques années plus tard, à fonder et à diriger la seule école de parfumerie du pays.

D’aussi loin qu’elle se souvienne, les odeurs l’ont toujours fascinée. Après cinq ans au sein d’une banque, en pleine remise en question professionnelle, Clarisse change de cap et se forme en esthétique, avec une spécialisation en parfumerie.

«Lancer une entreprise ne faisait pas du tout partie de mes plans», assure Clarisse dans un heureux mélange de dynamisme et de raffinement. Elle atterrit au Québec avec en poche une lettre de recommandation de Sephora. Le géant des cosmétiques ouvrait alors sa première boutique à Montréal. En France, elle travaillait depuis plusieurs années pour la chaîne. «Mais ce n’est pas Sephora qui m’a envoyée ici, tient-elle à préciser. J’ai tout fait seule: démarches d’immigration et recherche d’emploi!» Elle décroche un poste de gestion d’équipe. «Ouvrir une boutique, recruter du personnel… j’ai adoré ça, c’est une occasion unique dans une vie.»

Mais les relations humaines s’avèrent complexes. Après sept mois de heurts et de frictions, elle renonce. Sa façon de gérer l’équipe, «à la française», ne passe pas. Trop autoritaire. «Avec du recul, je crois qu’aucun Français ne devrait débarquer ici pour occuper un poste de responsabilités sans connaître un minimum les mœurs locales!» Clarisse Monereau fait aujourd’hui amende honorable. Immigrer lui a aussi ouvert les yeux sur l’altérité, «dont on n’a pas conscience tant qu’on ne sort pas de son pays d’origine».

Elle décide de recommencer «au bas de l’échelle», comme conseillère chez Murale. Elle y reste un an et demi, s’y fait des contacts, des amis. Quand l’entreprise supprime des postes, elle saisit l’occasion. «J’avais observé un manque de formation en parfumerie, et je savais qu’aucune école n’existait ici. Me retrouver au chômage m’a poussée à foncer!»

«L’entrepreneuriat au Québec est formidable. Il n’y a pas de mauvais projet, et les nombreuses structures d’aide au démarrage font dans le conseil, pas le jugement.» – Clarisse Monereau

Un cours en démarrage d’entreprise la met sur les rails. «En tant qu’immigrante, je ne connaissais rien à la législation encadrant l’entrepreneuriat.» Clarisse avait le réseau, l’idée et la passion – son travail acharné a fait le reste. L’École en parfumerie ouvre ses portes en 2010. Quatre ans plus tard, des milliers de conseillères des pharmacies du Québec ont suivi sa formation. En phase de croissance, son entreprise accueille aussi des cohortes de particuliers, aficionados de l’olfaction.

Quand on lui demande quel obstacle a été le plus difficile à surmonter, elle réfléchit. «Il n’y en a pas eu, lâche-t-elle finalement. Adaptabilité et flexibilité sont les deux clés d’une immigration réussie, tout comme celles d’une entreprise prospère.» Deux cartes qu’elle continue à jouer pour faire grandir son école.

Tam-Tam Canada a produit une version radio de ce reportage. Cette dernière est disponible sur le site de RCI rcinet.ca/francais.

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