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Le dialogue de sourds

Photo: Archives Métro

Le ton a monté entre les étudiants et le gouvernement Charest la semaine dernière. Il faut commencer à s’écouter si on ne désire pas que la situation se détériore. Les rapports entre les étudiants et le gouvernement ressemble de plus en plus à un dialogue de sourds. D’un côté, les étudiants ne veulent rien entendre du gou­vernement Charest, à moins qu’il ne s’agisse du gel des frais de scolarité. De l’autre côté, le gouvernement ne veut rien entendre au sujet des frais de scolarité. Les uns comme les autres font donc la sourde oreille.

Or, lorsque vous faites la sourde oreille, vous pouvez vous attendre à ce que votre interlocuteur hausse le ton. C’est bien ce qui s’est passé la semaine dernière. D’abord, la ministre Line Beauchamp a réclamé des cégeps et des universités la reprise des cours pour tous les étudiants désirant y assister. Deux établissements, soit les cégeps de Valleyfield et de Saint-Jean-sur-Richelieu, ont voulu obtempérer et ont annoncé la reprise des cours malgré le boycott de leurs étudiants. Mal leur en prit! Des grévistes s’assurent depuis qu’aucun étudiant n’entre dans ces établisse­ments, qui sont revenus sur leur décision.

Puis, ce fut au tour des étudiants de hausser le ton. Les bureaux de la ministre Beauchamp ont été saccagés et ceux de quatre autres ministres ont aussi été la cible de vandales. Quelque 700 jeunes manifestants ont également dévasté le pavillon Roger-Gaudry de l’Université de Montréal, causant pour des milliers de dollars de dommages. À cela s’ajoutent des dégâts causés dans plusieurs salles de cours du Pavillon Jean-Brillant.

Il est donc grand temps de cesser de faire la sourde oreille et d’écouter son interlocuteur au lieu de lui crier son désarroi. En effet, si le gouvernement hausse le ton encore une fois, les étudiants plus radicaux feront de même et commettront d’autres gestes agressifs. Si les étudiants haussent le ton de nouveau, le gouvernement pourrait réagir en utilisant des mesures sévères pour contrôler la situation. Continuer ainsi ne peut donc que conduire à une escalade dramatique.

Un des deux protagonistes doit cesser de faire la sourde oreille et se mettre à l’écoute de l’autre. C’est la seule façon d’éviter que la situation ne dégénère. Déjà, il est possible qu’il soit trop tard pour sauver la session d’hiver, qui devra alors être annulée, une première au Québec.

La ministre semble l’avoir compris en invitant les associations étudiantes à venir discuter de la création d’une commission indépendante de gestion des universités. Une telle commission pourrait se pencher sur les irritants qui font dire que l’argent des frais de scolarité est souvent mal dépensé : projets immobiliers mal ficelés, salaires des recteurs, augmentation du nombre de gestionnaires, etc. Ce n’est pas exactement le message que les jeunes voulaient entendre, mais espérons avec eux qu’il s’agit là d’un point de départ pour une discussion franche.

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