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Dans les méandres de la réorientation

Difference thinking concept. Photo: Métro

Les conseillers d’orientation voient défiler dans leur bureau nombre de candidats au changement. En plein questionnement, Amélie-Myriam Plante a même pensé en faire son métier. Pour finalement se retrouver ailleurs.

«J’ai un parcours très sinueux», prévient d’emblée Amélie-Myriam, presque comme s’il fallait s’en excuser, ou du moins se justifier. Sinueux, peut-être, mais avec une constante: la quête du bien-être au travail. Et le parcours peut s’avérer long.

Au cégep en sciences humaines, Amélie-Myriam sent qu’elle est «vraiment dans [sa] branche». «J’ai su très vite que je voulais devenir psychologue», dit-elle. Refusée par l’Université Laval, Amélie-Myriam troque Québec contre la métropole, où elle entre au bac en psychologie à l’Université de Montréal. Parce qu’elle a étudié d’arrache-pied, le coup n’en est que plus rude: elle n’est pas admise à la maîtrise. Impossible de devenir psychologue sans passer par là. Bredouille, Amélie-Myriam part dans l’Ouest canadien une année, question de repenser à ses plans.

Puis, elle revient à Montréal, où elle s’inscrit en maîtrise pour devenir conseillère d’orientation. «Ce n’était pas ce que je voulais, j’ai décroché au bout d’une session.» Depuis longtemps, elle travaille dans des cafés, et on lui dit souvent qu’elle a la fibre entrepreneuriale. Elle se «laisse convaincre» et s’inscrit au certificat en ressources humaines à HEC. «L’aspect formation et maintien de la main-d’œuvre m’intéressait.»

Quand elle prend la direction des ressources humaines d’une entreprise d’insertion pour personnes présentant des troubles de santé mentale, elle pense profiter du meilleur des deux mondes, «à mi-chemin entre ressources humaines et psychologie». Mais la réalité administrative la rattrape et finit par la lasser. Beaucoup de paperasse, l’essentiel des tâches tourné vers la gestion… «Je n’étais pas à ma place. J’ai traversé une profonde remise en question. Quand, après deux retours aux études, ce n’est toujours pas ça, on doute.»

«On passe plus de temps avec nos collègues qu’en famille: être bien au travail est fondamental!» – Amélie-Myriam Plante

Au bord de l’épuisement professionnel, Amélie-Myriam quitte son emploi après deux ans. Retour dans l’Ouest, puis elle décide de s’envoler pour l’Australie. Pendant un an, elle met la question de son avenir professionnel entre parenthèses et travaille dans des cafés. C’est peut-être ce détachement qui l’amène à mettre le doigt sur ce qui l’anime réellement. «Au cours de ce voyage, j’ai commencé à m’intéresser à l’influence de l’environnement sur l’être humain.»

La parenthèse se poursuit à son retour à Montréal, où elle travaille à forfait pour une agence de publicité, dans l’optique de repartir en voyage. Elle est à Milan quand on lui propose un poste de monitrice de langue à Kamloops. Elle y restera 10 mois, pendant lesquels son intérêt pour l’environnement grandit.

Aujourd’hui, Amélie-Myriam effectue une maîtrise en études urbaines. «Le changement implique beaucoup de dépassement personnel. On est souvent son propre frein, et faire ce qu’on aime demeure essentiel. On peut avoir une belle autonomie financière, mais si l’accomplissement n’est pas au rendez-vous, ça ne donne rien.»

Faire plus avec moins
«Le marché du travail a de plus en plus son lot d’exigences, observe le conseiller d’orientation Érick Beaulieu. Le souci de performance règne, il faut faire plus avec moins. Avec un tel paradigme d’efficacité, quand on néglige le potentiel humain, on se trompe. Prenons, par exemple, l’épuisement professionnel, qui devient pandémique en Occident.

On ignore souvent les véritables enjeux de l’orientation sur le marché du travail.»

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