Soutenez

Écouter sa voix pour suivre sa voie

Back view of businesswoman Photo: Métro

Lâcher le design industriel pour assumer l’artiste en soi: choix audacieux? Pas pour Geneviève Massé, une fois admise l’évidence de ce qui l’habite profondément. Un revirement de carrière inusité.

«Je trace mon parcours de fil en aiguille», explique Geneviève Massé. Le tissage commence au cégep, où Geneviève s’inscrit en design d’intérieur. S’ensuit un bac en design industriel, après quoi l’artiste qui sommeille en elle se languit du contact humain. «La réalisation d’un projet comporte beaucoup d’étapes empreintes de solitude. J’avais besoin d’être en contact avec les gens pour qui j’allais créer.»

Au DESS en design d’événements, Geneviève éprouve enfin le sentiment d’être dans ce qui lui ressemble. Quand l’organisation montréalaise ATSA (Action terroriste socialement acceptable) donne une conférence à l’université, Geneviève est saisie. «Leur projet est très engagé socialement, porté par une volonté de changement. Ça m’a énormément touchée, je me suis dit “Je ne suis pas assez radicale!”» Elle joint leurs rangs comme stagiaire, puis sera leur assistante de production pendant trois ans.

De cette expérience émerge le désir de créer par elle-même, «plutôt que d’exécuter les projets des autres». Elle se voit proposer la direction du Festival Écolo, pour lequel elle met à profit ses qualités de coordinatrice, sa vision créative et ses préoccupations environnementales. «Je sentais enfin que j’avais quelque chose à dire, et les outils pour le dire.» Après trois éditions, le festival n’est pas renouvelé. Geneviève se retrouve en tête-à-tête avec ses interrogations sur son avenir professionnel. «Ce que je voulais et pouvais faire n’était plus clair du tout.»

Partie à Chicago pour apprendre l’anglais et prendre du recul, elle commence à entrevoir la perspective d’œuvrer en tant qu’artiste. «Jusque-là, j’avais toujours assisté les autres dans leurs créations, sans jamais vraiment toucher à mes propres considérations. J’ai découvert que l’art pouvait être un moyen de m’exprimer.» Tout au long de cette réflexion, Geneviève continue à exécuter des contrats à la pige pour diverses organisations.

«Quand l’envie de changer de voie se fait sentir, il faut essayer. Sans ça, on ne saura jamais si ça peut fonctionner.» – Geneviève Massé

Lors d’un voyage à San Francisco, elle tombe, en pleine ville, sur l’œuvre d’un artiste commandée par la municipalité. C’est la révélation: «J’ai compris ce jour-là que je voulais faire ça de ma vie: réaliser des projets artistiques dans l’espace public.» Pragmatique et visionnaire, Geneviève frappe à la porte de la San Francisco Arts Commission. À force d’insistance et de motivation, elle y décroche un stage. Elle y passe 17 mois, comme chargée de projets, une façon de côtoyer cette vie qu’elle veut faire sienne, et de vérifier que c’est sa voie.

À son retour à Montréal, elle passe par la coordination des événements spéciaux au Mois de la photo, et travaille à forfait pour d’autres organismes du milieu artistique et culturel. Émerge alors le besoin d’un retour aux études. «Être autodidacte a ses limites. Il fallait que je développe d’autres compétences.» Elle entre à la maîtrise en arts visuels à l’UQAM en septembre 2013.

Aujourd’hui, Geneviève s’installe progressivement dans son rôle d’artiste avec un certain sentiment d’accomplissement. Elle s’approche de son rêve de réaliser des œuvres dans l’espace public. Récemment approchée par une grande institution montréalaise pour chapeauter un projet d’installation artistique en son sein, elle vient de faire un pas de plus vers son but.

Pas de candidat type à la réorientation
«Il n’y a pas de profil, affirme Érick Beaulieu, conseiller d’orientation. Je vois des hommes, des femmes de tous âges et de tous horizons professionnels. Bénéficiaire de l’assurance-emploi depuis un an, PDG, ingénieur, avocat… c’est très varié. Tout le monde est sujet à se remettre en question et à souffrir au travail. Par contre, je retrouve comme donnée récurrente que les milieux de travail sont de plus en plus exigeants.»

Articles récents du même sujet

Mon
Métro

Découvrez nos infolettres !

Le meilleur moyen de rester brancher sur les nouvelles de Montréal et votre quartier.