La désobéissance civile contre la crise climatique
Manuela* a 24 ans. Bien qu’on puisse penser qu’elle a tout son avenir devant elle, Manuela voit plutôt un mur contre lequel elle pourrait bien s’écraser si des changements importants ne sont pas implantés. Depuis son entrée à l’université, elle a construit son activisme sur un modèle de plus en plus radical, prônant la désobéissance civile comme outil de réponse à la crise climatique.
«Le changement que je veux, c’est un changement radical. Donc la solution, c’est la radicalité», explique Manuela. «C’est aux entités gouvernementales que je veux parler. […] C’est pas à mon voisin qui prend son auto et qui essaye de survivre.»
Selon elle, le changement doit passer par un changement étatique. Le capitalisme laisse ses traces sur la planète et empêche, selon elle, la population de se mobiliser, entraînée par le rythme effréné que la vie lui impose. Manuela est pessimiste quant à l’avenir de l’humanité. Elle ne lui donnerait donc que quelques décennies de plus à vivre si aucun changement radical du système n’est effectué.
Activisme 101
Bien que Manuela soit issue d’une famille militante, son activisme n’a commencé qu’à son entrée à l’université. Au tout début, c’est dans le mouvement La planète s’invite à l’université qu’elle fait ses premières armes. Au sein de ce mouvement, Manuela a pu lier connaissance avec des personnes qui partageaient ses convictions et son désir de changement face à l’inaction politique au regard de la crise climatique.
Très vite, elle s’est rapprochée du mouvement Extinction Rébellion, déjà bien médiatisé. Au sein de ce mouvement, elle a été formée à la désobéissance civile et au militantisme contre la crise climatique. C’est un nouveau milieu qui s’ouvrait alors à elle et c’est très vite qu’elle a pu passer à l’acte.
«Connecter avec des gens qui ont les mêmes motivations que moi, ça alimente l’envie de bouger. J’ai le sentiment que s’impliquer en gang, c’est la bonne chose», explique Manuela.
De fil en aiguille, ses actions se concrétisent: affichage illégal, organisation illégale de manifestations… et même dévoilement, sur le toit d’une université, d’une bannière appelant à l’action contre la crise climatique.
C’est au travers de la désobéissance civile que Manuela a pu trouver un moyen de combattre l’écoanxiété. Par des actions directes et centrées sur le moment présent, elle n’avait pas le temps de penser à l’avenir incertain que lui réserve la crise climatique.
Face au récent rapport du Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat (GIEC), qui donne trois ans à la population pour agir, Manuela ne peut s’empêcher de faire le lien avec le film Don’t Look Up, qui dépeint l’inaction de la société et des gouvernements alors qu’une menace avérée risque de détruire la terre dans les six prochains mois.
Allez lire le rapport du GIEC avant d’aller voter!
Une lutte qui évolue
Habitant désormais dans le Bas-Saint-Laurent, Manuela ne délaisse pas ses convictions. Mais elle adapte son militantisme. C’est désormais autour d’actions de sensibilisation et de mobilisation qu’elle se concentre. Elle participe donc à la projection de films qui sensibilisent à la crise climatique et notamment à la situation dans l’Ouest canadien avec la construction de pipelines.
«C’est plus continuer ma lutte, c’est continuer notre survie», dit-elle. Elle souhaite désormais établir des liens avec sa communauté locale pour apprendre qui sont les voisins avec qui elle va vivre la crise climatique, mais elle n’écarte pas l’idée de retourner vers de la désobéissance civile si l’occasion se présente.
Pour le moment, elle souhaite concentrer son militantisme sur son entourage. Elle poursuit sa lutte à une autre échelle, loin de la frénésie de Montréal, où elle avait fait ses débuts.
«Quand on se rejoint […], ça crée des discussions et ça parle des idées et des outils. […] Ça me donne envie de les motiver», explique Manuela.
*Nom fictif