Les Québécois gaspillent beaucoup trop
La toute première étude sur le gaspillage alimentaire à l’échelle de la province, menée par Recyc-Québec, révèle enfin avec précision l’ampleur du phénomène. Chaque année, des champs jusqu’à nos assiettes, ce sont pas moins de 1,2 million de tonnes d’aliments comestibles qui sont gaspillés. Des pertes qui ne sont pas sans conséquences.
«Cette première étude a été faite dans le but de comprendre et de quantifier les pertes et le gaspillage alimentaire au Québec, non seulement en termes de tonnage, mais aussi de production de GES», explique Sophie Langlois-Blouin, vice-présidente de la performance des opérations de Recyc-Québec.
En effet, pour mieux s’attaquer au problème, la société d’État souhaitait dresser le portrait le plus complet possible. Et le constat n’est pas très réjouissant.
L’étude établit que 16% des 7,5 millions de tonnes d’aliments qui entrent chaque année dans le système d’approvisionnement alimentaire du Québec sont perdus alors qu’ils sont encore comestibles. Cela représente 1,2 million de tonnes, auxquelles s’ajoutent 1,9 million de tonnes de résidus alimentaires non comestibles, comme les os ou les pelures par exemple.
«Ce qu’on constate aussi, c’est qu’il y a des pertes à toutes les étapes, ajoute Sophie Langlois-Blouin. Nous devons donc agir à toutes les échelles, de la production à la consommation, en passant par la transformation, la distribution et la vente au détail.»
Un coût pour la planète
Qui dit bouffe jetée à la poubelle, dit ressources gaspillées et aussi pollution. Et dans la province, Recyc-Québec a calculé que les 1,2 million de tonnes d’aliments comestibles perdus génèrent 3,6 millions de tonnes d’équivalent CO2 par an.
À cet égard, «tous les aliments ne sont pas égaux», tient toutefois à souligner Sophie Langlois-Blouin. «Ce qu’on gaspille le plus, ce sont les fruits et légumes, mais c’est la viande qui a le plus d’impact en termes de production de GES», dit-elle.
En effet, alors que la viande représente seulement 13% des aliments comestibles gaspillés, elle est responsable de 59% des émissions de GES attribuées au gaspillage alimentaire au Québec.
En soutenant des initiatives qui luttent contre le gaspillage et en sensibilisant la population à ce problème, Recyc-Québec espère voir la quantité d’aliments gaspillés diminuer au cours des prochaines années.
«On va poursuivre et intensifier nos efforts parce qu’on sait que c’est un enjeu qui a des conséquences importantes, explique Sophie Langlois-Blouin. Il y a déjà beaucoup de choses qui se font, par exemple des aliments sont redirigés vers des organismes communautaires, compostés, réemployés dans l’alimentation animale ou bien des entreprises leur donnent une deuxième vie.»
Une deuxième mouture de l’étude qui permettra d’évaluer les effets des actions mises en place devrait être effectuée d’ici trois à cinq ans.