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Dans la lignée des chasseurs de saveurs

Photo: Josie Desmarais

Épices de cru, c’est bien plus qu’un couple de «chasseurs d’épices» qui parcourt la planète à la recherche de trésors de saveurs. Cette entreprise familiale fondée par Ethné et Philippe de Vienne est aujourd’hui propulsée par les enfants du couple, Arik et Marika. Lui céramiste, elle chasseuse de thés, ils ont hérité de l’énergie contagieuse de leurs parents. Rencontre.

Même si elle est aussi passionnée de nourriture que ses parents, Marika n’a pas toujours eu le même degré d’intérêt qu’eux. «À douze ans, la différence entre deux curcumas, je m’en foutais tellement!» lance la jeune trentenaire, attablée devant la boutique du marché Jean-Talon avec son frère. Son obsession à elle, c’était les thés, tous les thés. «C’est toujours la même plante, mais ce sont des millions de saveurs différentes. Quand tu sais que tu ne vas jamais tout savoir sur un sujet, ça te motive à découvrir», avance la jeune femme, qui a déjà déménagé en Chine pour parfaire ses connaissances sur cette boisson millénaire.

«Ce sont mes parents qui ont suggéré que j’y vive pendant un petit bout, pour découvrir par moi-même. J’étais supposée partir six mois et je suis restée là-bas six ans. Il n’y avait aucune pression pour que je revienne afin de travailler dans leur entreprise», explique-t-elle en servant un thé oolong dans des tasses en céramique confectionnées par Arik, des tasses épurées, finement travaillées.

C’est justement cette liberté de la découverte qui donne sa vitalité à Épices de cru, l’entreprise familiale, qui allie épices, thés et vaisselle en céramique. Au début, pourtant, Marika était convaincue que la boutique serait un échec. «Eh qu’on s’est trompés! Douze ans plus tard, on est toujours là… en train de montrer à papa comment parler aux clients, parce qu’il est un peu rough», raconte-t-elle en riant. «Et on s’assure que maman ne touche pas à la caisse!» renchérit Arik, sourire en coin.

Chacun des de Vienne apporte de l’eau au moulin avec sa touche personnelle. Alors qu’elle a fait ses armes en gestion et choisit soigneusement les thés, lui s’occupe beaucoup de l’enseignement des cours de cuisine lorsqu’il n’est pas à son atelier en train de confectionner sa collection de vaisselle en céramique. Une passion qu’il se juge chanceux de pouvoir poursuivre grâce à sa famille si ouverte d’esprit: «C’est l’avantage d’avoir une entreprise familiale. Je ne pense pas qu’on pourrait avoir les mini-entreprises qu’on a lancées sans cette structure-là.»


Tout naturellement
Même s’ils semblaient prédisposés à prendre la relève de l’entreprise avec des réunions familiales sur le commerce dès l’âge de seize ans, les enfants de Vienne ne se sont jamais fait imposer cette voie par leurs parents. Ceux-ci les ont plutôt poussés hors du nid pour voler de leurs propres ailes. «Pour eux, c’est: “Si tu as quelque chose qui t’intéresse vraiment, peu importe ce que c’est, vise d’être numéro 1. Fais le mieux que tu peux.” Mes parents ont toujours été là pour nous encourager, encore aujourd’hui», raconte Arik avec gratitude.

La relève s’est faite si naturellement que leurs époux respectifs travaillent maintenant chez Épices de cru eux aussi. L’un s’implique beaucoup dans l’enseignement, l’autre dans la confection de mélanges d’épices, par exemple un mélange romain vieux de 2 000 ans. Même si elle n’a jamais cherché à couper les liens avec la famille, c’est il y a deux ans seulement que Marika a consciemment décidé de s’ancrer à Montréal, lorsqu’elle a eu sa petite fille. Pour Arik, la rencontre avec son mari a aussi été déterminante dans sa décision de s’impliquer à fond dans l’entreprise.

Faire son nid dans la 
métropole québécoise ne signifie toutefois pas qu’il leur a fallu sacrifier leur amour de la nourriture. «Montréal est une ville de bouffe, on est culturellement obsédés par la bouffe au Québec», lance Marika en levant les bras au ciel. «Et on s’entend: le marché Jean-Talon, c’est un terrain de jeu, c’est difficile de ne pas être inspiré», ajoute son frère.

Cette inspiration, ils s’en nourrissent et souhaitent la partager grâce à Épices de cru, dont les clients sont parfois si connaisseurs qu’ils en sont eux-mêmes épatés. Même si Marika n’est pas partie chasser le thé sur un autre continent, elle sait qu’elle a pris la bonne décision en s’investissant dans l’entreprise, ce qui lui permet de voyager par les saveurs. «À neuf ans, je me suis juré que j’allais toujours découvrir, se rappelle-t-elle, et je vais 
pouvoir continuer à le faire.»

Les cours d’Épices de cru cet automne

  • Atelier: Les règles d’or des épices – 24 septembre et 15 octobre
    10 recettes, 10 mélanges d’épices, 100 recettes, Arik de Vienne enseigne comment marier les épices et les interchanger.
  • Cours: Cuisine indienne classique- 16 octobre
    Philippe de Vienne plonge dans les saveurs traditionnelles 
du nord de l’Inde et enseigne comment cuisiner les classiques,
 dont le poulet au beurre du Panjab.

Inscription en ligne: epicesdecru.com

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