Prenez votre pouls
J’ai déjà travaillé avec un homme qui avait une peur bleue de subir une crise cardiaque. Il prenait constamment son pouls pour vérifier si tout était normal.
Il n’y a que deux possibilités lorsqu’on prend son pouls. La première est qu’il soit rapide. La deuxième, qu’il soit normal. Examinons ces deux possibilités plus en détail.
Supposons que l’homme prenne son pouls et le trouve rapide. Il pensera qu’il éprouve des problèmes cardiaques et cela déclenchera la panique chez lui. La panique fera accélérer son rythme cardiaque, ce qui augmentera sa panique. Donc, cette possibilité mènera inévitablement à une crise de panique. Qu’en est-il de la deuxième possibilité?
C’est ici que cela devient intéressant. Lorsque nous sommes nerveux, nous avons tendance à vérifier si tout est normal. C’est ce que fait cet homme lorsqu’il est inquiet. Si son pouls est normal, il pousse un grand soupir de soulagement. Parfait. Mais ce n’est qu’une question de temps avant qu’il ne pense : «Est-il encore normal, maintenant?»
Chaque fois qu’il se tâte le pouls et que celui-ci est normal, il se sent bien. C’est comme se gratter lorsque ça démange. Chaque fois qu’il est assailli par une inquiétude, il ressent le besoin de vérifier de nouveau. Même s’il est en parfaite en santé, son rythme cardiaque fluctuera, comme c’est le cas pour tout le monde. Il finira par enregistrer un rythme plus rapide que prévu. «Oh mon Dieu. Il n’est plus normal!» Et cela entraînera sûrement une crise de panique.
Autrement dit, en prenant son pouls, cet homme est assuré de paniquer sur-le-champ, sinon un peu plus tard. Ses efforts pour se rassurer lui-même ne feront que causer davantage de souffrances.
Il est important de ressentir de l’inquiétude, car c’est ce qui nous protège. Lorsque nous sommes préoccupés par un problème, notre besoin d’être rassurés nous aide à trouver des solutions. Par conséquent, nous nous en portons mieux… s’il y a une solution à trouver. Parce que quand il n’y en a pas, nous sommes dans de beaux draps : le fait de vérifier nous fait sentir bien, mais cela augmente notre besoin de vérifier de nouveau. Ça ne sert à rien d’exagérer. Chaque fois, nous ne serons rassurés que temporairement.
La santé est une chose sur laquelle nous n’avons pas le contrôle absolu. Nous devons nous faire à l’idée que nous pourrions mourir prochainement, même en l’absence de signes avant-coureurs. Tout ce que nous pouvons faire, c’est prendre soin de nous : bien manger, faire de l’exercice, suivre les conseils de notre médecin. Nous devons aussi accepter le fait que, tout en augmentant nos chances, cela ne garantit pas de profiter d’une vie longue et en santé. Par contre, vous vivrez avec moins d’inquiétudes.