Madame Bricole
Pour la diplômée en ébénisterie Stéphanie Lévesque, «faire de la réno, c’est un peu comme faire la cuisine : si on a les bons outils et qu’on suit la recette, tout va bien!»
Vulgarisatrice dans l’âme, l’experte en travaux manuels offre désormais des ateliers au cours desquels elle apprend aux femmes à réaliser quelques travaux de base. En complément, elle lance le 16 mai un guide de rénovation juste pour les filles. Entretien.
Pourquoi les femmes ont-elles en général peur des outils?
D’emblée, j’ai envie de dire que c’est parce qu’elles ont peur de l’inconnu. Les femmes sont en quelque sorte autoprogrammées pour ne pas faire de travaux manuels. Elles ont un conjoint, un papa ou des amis qui les font pour elles. De nos jours, les femmes, qu’elles soient célibataires, veuves ou en couple avec un intellectuel, ont de plus en plus envie d’autonomie. Et elles sont curieuses!
Pourquoi est-ce important?
Maîtriser les outils et certaines techniques permet non seulement d’arrêter d’attendre après les autres, mais c’est aussi valorisant. Par exemple, vous installez un cadre. Vous le regardez : il est bien droit et vous êtes fière de vous. Après un atelier, je reçois des commentaires de femmes qui me remercient de leur avoir donné confiance en elles.
[pullquote]
Par où devrait-on commencer quand on est très nulle?
Par apprendre à utiliser une perceuse. Ensuite, on peut installer un cadre, un support à serviette ou des tablettes; les femmes trouvent ça intéressant parce que c’est de la déco en même temps. Et même si l’électricité fait peur, quand on sait comment s’y prendre, ce n’est pas dangereux. Les ateliers de céramique sont aussi populaires. Ce que je veux, c’est rendre ce genre de travaux accessibles. Et même si vous ne faites pas les travaux vous-même, c’est plus facile de communiquer avec l’ouvrier, voire de magasiner dans une quincaillerie puisqu’on n’a pas à poser plein de questions aux commis. Et puis, on ne se fait pas avoir quand on sait de quoi on parle!
Quelles sont les erreurs les plus fréquentes?
J’en ai vu de toutes les couleurs! Si vous essayez de visser avec une perceuse et que ça ne fonctionne pas, assurez-vous que l’appareil ne soit pas en mode dévissage. C’est une erreur que j’ai vue tellement souvent!
Quel est le conseil que vous prodiguez le plus souvent?
Il faut être très patiente et ne pas sauter les étapes. Je compare souvent les travaux manuels à la cuisine. Quand on commence, si on ne suit pas la recette, on rate sa béchamel ou alors son gâteau ne lève pas. Il faut faire une chose à la fois.
Avec un papa électricien très habile de ses mains, on peut dire que vous êtes tombée dans les travaux manuels quand vous étiez petite. Avec le temps, est-ce que vous remarquez que la perception des gens change à l’égard de votre métier non traditionnel?
Pas beaucoup. Quand j’ai fini mes études, en 1999-2000, les employeurs recherchaient des femmes parce qu’elles sont reconnues pour être minutieuses. Mais je pense que ça reste difficile pour les femmes parce qu’elles sont limitées. Pas entre les deux oreilles, mais physiquement. Sur un chantier de construction, c’est sûr qu’on ne peut pas transporter six deux par quatre! Je pense qu’un employeur brillant qui a envie de travailler avec des femmes va savoir exactement quelles tâches leur confier pour exploiter leur potentiel au maximum. En revanche, sur les chantiers, il faut continuer à s’attendre à se faire regarder les fesses quand on se penche, à entendre des blagues, etc. J’ai pour ma part décidé d’en rire. Et puis, je n’ai jamais cherché à prendre la place d’un homme. Je connais mes capacités et mes limites.
Steph bricole,
Les Intouchables
En librairie le 16 mai