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Manque-t-on de productivité sur nos chantiers?

Photo: Marc-André Carignan

Vous êtes-vous déjà demandé pourquoi des chantiers majeurs, qui paralysent la circulation et l’activité commerciale montréalaises, sont pratiquement désertés en pleine journée?

Et là, je ne parle pas du week-end. Je parle d’une journée de semaine ordinaire, sans congé férié ni pluie ni orage. Une journée où on devrait voir fourmiller des dizaines et des dizaines d’ouvriers d’un bout à l’autre des chantiers, pelles à la main, ayant à cœur l’objectif de terminer les travaux le plus rapidement possible.

J’ai fait le test lundi dernier, à différentes heures du jour. Pas pour un seul chantier, mais pour trois zones de travaux qui perdurent depuis des mois.

10h30, intersection Saint-Denis et Laurier
Les passants déambulent sur des buttes de gravier, à l’intérieur d’un étroit corridor délimité par des clôtures métalliques. La piste cyclable est impraticable. Des planches de contreplaqué ont été alignées au sol, traçant un chemin jusqu’aux commerces. Combien d’ouvriers ai-je pu recenser sur ce chantier? Quatre, dont deux qui contrôlaient l’accès au site à chaque extrémité. En d’autres mots, à peine deux individus, coiffés de leur casque et affichant un dossard orangé, s’affairaient à réparer la rue. Deux! Être un commerçant, je m’arracherais les cheveux.

11h15, boulevard Saint-Joseph
Je me dirige vers un autre chantier majeur, celui sur Saint-Joseph, entre Saint-Denis et Resther. Des policiers tentent de gérer la circulation, alors que des piétons et des cyclistes s’impatientent en attendant de pouvoir traverser la rue. Des bouts de tuyaux traînent, çà et là, entre des blocs de béton. Un tracteur et un rouleau compresseur «dorment» sur la rue. Combien de travailleurs? Quatre également, dont un qui contrôle la circulation à l’entrée du chantier, drapeau à la main. Quand je questionne l’un d’eux pour savoir quand les travaux se termineront, il me mentionne qu’il ne reste qu’à refaire l’asphalte et les bordures des trottoirs sur les deux tiers du chantier. Pourquoi n’y a-t-il donc personne qui s’affaire à préparer le terrain pour cette tâche? Après tout, on pourrait rouvrir Saint-Joseph à partir de la rue Berri pendant qu’on complète le dernier tiers, non? L’ouvrier ne peut me répondre.

13h30, avenue Papineau
D’importantes excavations retranchent deux voies de circulation aux abords du parc La Fontaine. J’ai espoir d’y voir davantage de travailleurs, étant donné que je me trouve sur un axe névralgique pour accéder au pont Jacques-Cartier. Mon constat: il y a une dizaine d’ouvriers sur le chantier. C’est déjà plus vivant que sur les précédents. Par contre, quatre d’entre eux jasent, les mains dans les poches, appuyés sur une pépine. Un autre est assis dans son pick-up et semble écouter la radio. Dans la portion sud du chantier, excavée sur une trentaine de mètres, à peine deux travailleurs ont le cœur à l’ouvrage.

Est-ce donc ça, la productivité montréalaise? À la Ville, on me répond que «même si peu d’actions se déroulent en surface, de nombreux travaux se déroulent en souterrain» sur ces trois chantiers. C’est à croire que les ouvriers se sont réfugiés sous terre lorsqu’ils m’ont vu arriver avec mon appareil photo.

Certains essaieront probablement de discréditer mes propos en affirmant que je suis loin d’être un expert en gestion de chantiers. Peut-être. N’empêche que les faits sont là. La gestion et la productivité sur les chantiers montréalais font défaut depuis des décennies. Boulevard Saint-Laurent, avenue du Parc, chemin de la Côte-des-Neiges… Les mauvais exemples ne manquent pas.

D’ailleurs, ce n’est pas normal que nos politiciens se tapent dans les mains quand un chantier se termine dans les délais prévus, alors que cela devrait être la norme de respecter un échéancier, comme dans n’importe quel autre métier. Il y a visiblement encore beaucoup de travail à faire dans ce domaine afin de briser le statu quo qui persiste. Parlez-en aux commerçants et aux restaurateurs de la rue Peel…

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