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Dans une centrale près de chez vous

Vue du toit de la centrale Beauharnois. Le canal Beauharnois se jette dans le lac Saint-Louis. Nicolas Monet/Métro Photo: Nicolas Monet/Métro

Hydro-Québec est source de fierté pour bien des Montréalais, mais les installations de la société d’État dans la métropole restent méconnues. Bien que 75% de l’électricité produite par Hydro-Québec vienne du nord du Québec — en premier lieu de la Baie-James —, le Grand Montréal compte trois centrales hydroélectriques. Métro est allé visiter deux d’entre elles: les centrales Rivière-des-Prairies et Beauharnois.

Rivière-des-Prairies: la centrale «des rêves perdus»

La centrale Rivière-des-Prairies, à Laval. Nicolas Monet/Métro.

Les habitués du parc-nature de l’Île-de-la-Visitation, à Ahuntsic, reconnaîtront le déversoir de 220 mètres de la centrale Rivière-des-Prairies, qui chevauche la rivière éponyme. Construite de 1928 à 1929 par la Montreal Light, Heat and Power Company (MLH&P), la centrale est l’une des cinq premières à avoir été nationalisées lors de la création d’Hydro-Québec, en 1944.

Vue aérienne de la centrale Rivière-des-Prairies, vers 1930. Gracieuseté d’Hydro-Québec.

Construite selon l’architecture art déco typique de l’époque, la centrale a une valeur patrimoniale indéniable. Les murs de briques sculptées et les grands vitraux visaient à incarner le prestige et la puissance de la MLH&P. La centrale se distingue par son intérieur coloré. Les couleurs vives découlent d’une volonté de rendre la centrale plus esthétique pour les visiteurs, au détriment des codes de couleurs habituellement en vigueur dans les milieux industriels.

L’intérieur de la centrale Rivière-des-Prairies se distingue par ses couleurs vives. Nicolas Monet/Métro

Considérée comme une très petite centrale, Rivière-des-Prairies a une puissance potentielle de 54 mégawatts (MW), loin des 5616 MW de la centrale Robert-Bourassa, à la Baie-James. Lors de la visite de Métro, seul un des six groupes turbine était en marche; le deuxième qui est habituellement en fonction était en maintenance annuelle. Un ou deux opérateurs font rouler la centrale.

Bien que l’électricité produite à Rivière-des-Prairies puisse en théorie se retrouver partout dans le réseau, on peut présumer qu’elle est envoyée à Montréal en raison de la grande demande de la métropole, précise Gabrielle Leblanc, porte-parole d’Hydro-Québec.

Les évacuateurs de crues de la centrale Rivière-des-Prairies. Nicolas Monet/Métro

Initialement pleine de potentiel en raison de sa proximité avec Montréal, Rivière-des-Prairies est la «centrale des rêves perdus», aux dires d’Andréa, une guide locale. Le manque de ressources dès l’ouverture de la centrale — qui coïncide avec la Grande Dépression des années 30 — et le courant qui s’est affaibli au fil du temps l’empêche de tourner à plein régime.

Malgré tout, et en dépit des discussions récurrentes sur la fermeture de la centrale Rivière-des-Prairies, Hydro-Québec la garde en activité puisque l’électricité produite est facile à distribuer. La centrale aide également à gérer les niveaux d’eau et la trajectoire du courant, réduisant ainsi le risque d’inondations.

Beauharnois: des turbines sur près d’un kilomètre

La centrale hydroélectrique Beauharnois. Nicolas Monet/Métro

Plus longue centrale hydroélectrique en Amérique du Nord avec ses 926 mètres, la file de 36 groupes turbine de la centrale Beauharnois semble se poursuivre au-delà de l’horizon.

La première phase de la centrale, construite de 1929 à 1932 par la Beauharnois Light, Heat and Power, reflète également l’architecture art déco. Entachée par un important scandale politico-financier, l’entreprise vend la centrale à la MLH&P en 1933. Beauharnois fait aussi partie des cinq premières centrales nationalisées par le gouvernement libéral d’Adélard Godbout en 1944. Deux autres phases de construction ont été entreprises par Hydro-Québec de 1948 à 1956 et de 1956 à 1961.

Un des 36 groupes turbine-alternateur de la centrale Beauharnois. Nicolas Monet/Métro

Avec ses 1912 MW, la centrale de Beauharnois est la cinquième plus puissante du Québec, après les quatre centrales de la Grande Rivière, à la Baie-James. La hauteur de chute de 24 mètres permet une grande production d’électricité. À son sommet, près de huit millions de litres par seconde peuvent passer par la centrale. Quatre opérateurs font fonctionner la centrale.

Beauharnois, comme Rivière-des-Prairies, est une centrale au fil de l’eau, c’est-à-dire sans barrage. L’eau du canal Beauharnois s’engouffre dans la centrale par des conduites, cheminant jusque dans l’une des turbines. La force du débit fait tourner la turbine, reliée au rotor d’un alternateur par un tronc métallique. Ce rotor de près de 300 tonnes est composé de 96 aimants. La rotation de ces aimants génère le mouvement de va-et-vient des électrons, ce qui crée l’électricité.

Près de 75% des manœuvres pour rediriger le courant électrique dans le réseau d’Hydro-Québec sont effectuées à Beauharnois. En raison de sa proximité avec les frontières américaine et ontarienne, l’électricité de la centrale peut facilement être exportée. Ces exportations sont souvent effectuées l’été, lorsque la consommation d’électricité baisse au Québec.

Le rotor tourne à une vitesse constante de 75 tours par minute pour conserver une fréquence de 60 Hz. Nicolas Monet/Métro

Les centrales Rivière-des-Prairies et Beauharnois peuvent toutes les deux être visitées gratuitement. La visite dure environ 90 minutes. Les réservations sont requises en tout temps. Voir ici pour les heures d’ouverture.

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