Exposition Native Immigrant en Tiohtià:ke art et diversité
La vitrine noire et rouge de la galerie Native Immigrant, située sur l’avenue Côte-St-Luc, contraste avec l’explosion de couleurs des œuvres d’art disposées à l’intérieur. La dernière exposition Native Immigrant en Tiohtià:ke, présentée jusqu’au 9 août, confirme le mandat de la galerie de mélanger l’art des Premières Nations et celui des personnes issues de l’immigration.
L’excitation se faisait sentir à quelques heures du vernissage de Native Immigrant en Tiohtià:ke (nom du territoire de Montréal en Mohawk). Alors que certains finalisaient le montage de leurs œuvres, l’artiste Ksenyia Tsoy créait une murale sur la vitrine extérieure. Tout était prévu pour cet événement artistique, qui devait tout de même respecter les règles sanitaires.
La galerie Native Immigrant ne peut que nous surprendre par la diversité d’activités, de médiums et de cultures présents. L’entrée en matière de cette exposition se fait avec les perlages de l’artiste Anichinabé et membre de la communauté Aamjiwnaang, Nico Williams. Ses œuvres introduisent le visiteur aux traditions et à l’histoire ojibwées, avec des formes et des motifs narratifs.
La suite de l’exposition nous présente des artistes venus de contrées plus ou moins lointaines. Les médiums utilisés jonglent entre la peinture à la photographie en passant par le collage ou les bijoux. On retrouve aussi les vêtements avec Akawui Riquelme qui a lancé sa propre ligne en s’inspirant de la cruz andina (la croix andine ou chacana). Selon l’artiste et musicien chilien, ce symbole est très présent dans les communautés autochtones d’Amériques latines et centrales, et dans d’autres régions du monde.
Ainsi, casquettes, t-shirt et sweatshirt qui combinent les motifs traditionnels sont un moyen pour le créateur de revendiquer l’identité autochtone contemporaine. Ce choix d’utilisation de vêtements d’aujourd’hui comme support de ces motifs permet aux personnes de les porter. « Ce n’est pas parce que c’est quelque chose d’ancien et de folklorique, que tu ne peux pas l’utiliser dans le quotidien. ».
Les casquettes d’Akawui Riquelme font face aux bijoux et peintures de Marg Boyle, une artiste aux origines Mi’kmaq, Abénakis, Européennes et Africaines. Ses bijoux traditionnels de couleur rouge sont un hommage aux femmes autochtones disparues ou assassinées. « Pendant la semaine du Pow-wow, les femmes commencent à porter la robe rouge afin de danser pour les femmes. », explique l’artiste à propos du choix de la couleur. L’argent récolté par Marg Boyle servira à différentes institutions qui viennent en aide aux femmes autochtones, comme le Foyer pour femmes autochtones de Montréal.
Entre les œuvres d’Akawui Riquelme et de Marg Boyle, on découvre les collages et petits assemblages d’objets d’Ivan Atehortua. L’artiste colombien a regroupé des images et objets divers pour créer une imagerie nouvelle avec un sens personnel ou plus spirituel.
Ils sont en tout une dizaine d’artistes qui présentent leurs œuvres dans le cadre de cette exposition, avec chacun leur propre sujet de recherche artistique.
Premières Nations et Dernières Nations
Le groupe de Native Immigrant, précédemment appelé Métèque, a vu le jour en 2013. Pour la fondatrice et artiste chilienne, Carolina Echeverrìa, le but de ce regroupement est de créer un espace pour les artistes de la diversité culturelle. « [Ils] ont beaucoup de misère à trouver des expositions, Québec est très fermé envers les immigrants dans le milieu de l’art. ».
Elle-même exposait pour le vernissage avec des tableaux qui mêlaient la culture populaire, avec le personnage de la Petite Lulu, à des revendications sociales.
En encourageant la collaboration entre les immigrants et les Premières Nations, Native Immigrant veut créer un espace d’échange entre les différentes cultures. La galerie a aussi un coin commercial, dans lequel des objets et bijoux artisanaux fabriqués par les membres de la communauté de Notre-Dame-de-Grâce sont vendus.
Plusieurs activités sont aussi organisées au sein de la galerie. Avec le projet Chez nous Chez vous, des cadeaux sont fabriqués pour les nouveaux arrivants. « On a fait de la broderie berbère ou du perlage ojibwé pour faire des porte-clés [ensuite], on les envoie par la poste, puis eux envoient des objets en retour. », indique Carolina Echeverrìa, tout en déballant l’une des dernières réceptions, un porte-bonheur d’une artiste ouzbek.
Les ateliers sont ouverts à tous. Ils encouragent les membres de la communauté, Québécois, Autochtones et tout autres personnes immigrantes, à s’ouvrir vers de nouvelles cultures.