Diversité et leadership: le parcours de Ruben Antoine
Ambassadeur du Groupe des Trente et gestionnaire de portefeuilles, le Lachinois Ruben Antoine utilise son expertise afin d’aider les personnes issues de la diversité à améliorer leur situation financière ou à se lancer en affaires.
Le Groupe des Trente réunit annuellement 30 leaders montréalais de la diversité culturelle aux parcours inspirants afin d’encourager d’autres personnes à suivre leurs pas. Ruben Antoine, qui est né au Québec et qui a grandi à Haïti, a cette mission à cœur.
Pourquoi votre famille est-elle retournée à Haïti après s’être établie au Québec?
On entend plus souvent parler de familles qui ont quitté un pays comme Haïti pour venir au Québec en quête de nouvelles opportunités, mais ma famille a en effet fait le contraire. Elle voulait venir en aide à sa terre d’origine. Mon père a trouvé un emploi pour SOS Village d’Enfants, un organisme sans but lucratif, qui vient en aide aux enfants orphelins. Ma famille est vraiment motivée par le travail humanitaire.
J’ai donc vécu à Haïti de 4 à 14 ans avant de revenir au Québec pour poursuivre mes études.
Qu’est-ce qui vous a attiré dans le monde des finances?
Au début, je voulais en apprendre plus sur le monde des affaires. J’ai donc poursuivi mes études aux HEC Montréal. Je voulais comprendre comment la dynamique de l’économie fonctionnait.
Éventuellement, je me suis spécialisé en comptabilité parce que le côté entrepreneurial m’intéressait beaucoup. Plus tard, j’ai développé une affinité pour le travail avec les gens et j’ai réalisé que je voulais les aider à mieux gérer leurs finances. Par exemple, aider un entrepreneur à réaliser son rêve ou épauler une famille qui souhaite envoyer les enfants à l’école sont des projets qui sont très gratifiants pour moi.
Généralement, vous conseillez des personnes plus aisées financièrement. Qu’est-ce qui vous amène à vouloir venir en aide aux personnes issues de la diversité qui auraient plus de difficulté?
En effet, professionnellement, en tant que conseiller privé, je travaille avec des entrepreneurs et d’autres personnes qui ont un certain niveau d’actifs. Mais personnellement, j’ai grandi avec certaines valeurs que j’ai apprises à Haïti en suivant l’exemple de mes parents qui m’encouragent à vouloir donner au suivant. Je veux utiliser mon expertise pour aider des personnes autour de moi qui n’ont pas accès à ces ressources ou à ces connaissances.
Je remarque beaucoup de disparité financière, ce dont souffre notamment la communauté noire, les nouveaux arrivants et les femmes. Il y a beaucoup de barrières sociétales et financières pour ces personnes.
Je me considère comme chanceux pour l’éducation que j’ai eue et le métier que je fais. Je veux simplement faire ma part pour aider ceux qui n’ont pas eu cette chance et les appuyer dans leurs démarches afin qu’ils atteignent une certaine autonomie financière.
Quelles actions concrètes avez-vous entreprises pour aider ces personnes?
Je suis membre du conseil d’administration et du comité consultatif chez Microcrédit Montréal, qui aide les entrepreneurs et les professionnels formés à l’étranger à avoir accès à du crédit. Nous aidons les personnes qui ont de la difficulté à se faire prêter de l’argent pour leurs projets auprès des banques traditionnelles en raison de leur expertise qui a été acquise à l’étranger. Une deuxième facette de l’organisation que j’aime particulièrement est qu’on aide ces professionnels à faire reconnaître leurs qualifications au Québec afin qu’ils puissent trouver un travail qui correspond à leur formation.
Je m’implique également avec le Groupe 3737 au comité de sélection. Cette organisation suit une mission similaire qui souhaite élever la situation financière des membres de la diversité. Nous avons plusieurs programmes, notamment en formation entrepreneuriale. J’utilise aussi mon expertise pour faire du mentorat bénévolement dans des entreprises qui cherchent à s’améliorer.
Oui, il y a des barrières. Oui, il a des défis supplémentaires. Mais il est important de ne pas se décourager et d’aller chercher les opportunités parce qu’elles existent.
Ruben Antoine
Que représente pour vous le fait d’être un ambassadeur du Groupe des Trente et d’être considéré comme un leader pour la communauté?
Quand on parle de diversité dans le monde du travail, c’est important de donner l’exemple qu’il faut aller frapper aux portes et de créer des occasions. Mais ça ne sert à rien de frapper à une porte qui va rester fermée. Ce que j’aime de ce programme est que nous avons l’occasion de travailler en amont et en aval afin d’ouvrir ces portes pour tous. Nous avons la chance de sensibiliser les organisations et les conseils d’administration à ouvrir leurs portes aux personnes issues des communautés ethniques.
Il est vrai que beaucoup de travail au niveau de la diversité a été fait dans les 20 dernières années, mais plus on monte dans les échelons des entreprises, plus on retrouve une certaine homogénéité. Il reste encore beaucoup à faire afin d’ouvrir ces postes en haut des pyramides à tous.
Pour faciliter la lecture de l’entrevue, certaines réponses peuvent avoir été éditées.