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Montréal coupera-t-elle le gaz? 

Des organismes en environnement demandent à la Ville de ne plus installer de gaz pour les nouvelles constructions. Photo: iStock/Evgen Prozhyrko

Il y a de l’eau dans le gaz entre des organismes environnementaux et les compagnies Hydro-Québec et Énergir. Une coalition d’organismes luttant pour le climat pousse Montréal à abandonner le gaz dans les nouveaux bâtiments en se détournant de la biénergie et du gaz naturel renouvelable (GNR), deux solutions avancées par les entreprises énergétiques.

Alors que le gaz dans les bâtiments compte pour 6% des émissions de gaz à effet de serre, l’objectif des organismes est plutôt d’accélérer la transition énergétique afin de respecter les cibles climatiques préétablies. Ils ne croient pas aux solutions portées par Hydro-Québec et Énergir.

Le Regroupement des organismes en environnement et en énergie (ROÉÉ), Greenpeace, Équiterre et l’Association québécoise des médecins en environnement (AQME) ont publié un mémoire commun, dans le cadre des consultations publiques sur la Feuille de route pour des bâtiments zéro émission dès 2040 de la Ville de Montréal.   

«La crise climatique exige de sortir rapidement le gaz des bâtiments partout au Québec», affirme le responsable de la campagne Climat-Énergie à Greenpeace Canada, Patrick Bonin. Entendu par la Commission sur l’eau, l’environnement et le développement durable de Montréal, il fustige la biénergie et le GNR, qu’il désigne comme de fausses solutions d’Hydro-Québec et d’Énergir.

Les solutions au gaz, une fausse bonne idée? 

Il est prévu que les gaz naturels renouvelables (GNR) ne constituent que 10% du gaz en circulation en 2030. Montréal ne doit pas laisser la porte ouverte aux GNR dans le chauffage des bâtiments.

Patrick Bonin, responsable de la campagne Climat-Énergie pour Greenpeace Canada devant la Commission sur l’eau, l’environnement et le développement durable

Évoquant un «verrouillage carbone», le regroupement des organismes a avancé que considérant la durée de vie des équipements, en installant des systèmes au gaz en 2025, Montréal serait prise avec ceux-ci jusqu’en 2040. 

De plus, le GNR utilisé pour le chauffage ne pourrait pas être utilisé dans certaines industries qui n’ont pas de solutions de rechange électriques, argue Greenpeace tandis qu’Équiterre renchérit que les usages du gaz dans les bâtiments sont simples à électrifier. 

Atteindre l’objectif climatique et protéger la santé 

«Pour être réellement zéro émission, les municipalités doivent aussi viser tous les équipements au gaz, incluant les cuisinières, les chauffe-eau et les foyers», précise Patrick Bonin. Celui-ci prévient également que «la Ville n’est pas en voie d’atteindre son objectif climatique de 2030 et [qu’]elle n’y arrivera pas sans légiférer sur le gaz».  

Il en a profité pour donner quelques faits sur la production du gaz, indiquant notamment que «la majorité du gaz est extrait par fracturation hydraulique». Selon lui, «sauf s’il y a un circuit fermé, Énergir ne peut garantir que ce soit des GNR» qu’il fournisse à ses usagers. 

Le ROEÉ a avancé comme solution les systèmes d’accumulateurs de chaleur, qui permettent de chauffer à l’électricité sans surcharger le réseau durant les heures de pointe. Le regroupement a montré des exemples d’interdiction du gaz à la Ville de Montréal, évoquant la France, la Suède et New York. 

De son côté, l’AQME a insisté sur les risques de santé associés au gaz. Elle a évoqué l’extraction par fracturation hydraulique, qui présente des risques pour le voisinage, ainsi que les 234 décès annuels qu’elle estime liés à l’utilisation du gaz à Montréal. 

Des consultations publiques 

La Ville tient actuellement des audiences dans le cadre de sa consultation sur la Feuille de route pour des bâtiments montréalais zéro émission dès 2040. Cela fait de Montréal la première ville du Québec à tenir une consultation dans le but de réglementer les émissions de gaz à effet de serre dans les bâtiments. La métropole exigera que tous les nouveaux bâtiments soient zéro émission dès 2025. 

Un récent rapport de recherche du Centre québécois du droit de l’environnement démontre d’ailleurs que les municipalités québécoises ont la compétence et le pouvoir d’agir dans la décarbonation des bâtiments afin de participer à la lutte contre les changements climatiques.  

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