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Des demandeurs d’emploi veulent arrêter de « manger des bines »

Les manifestants ont investi la salle de réception du bureau de circonscription de Rachel Bendayan, dans le Mile-End. Photo: Matéo Gaurrand-Paradot, Métro

Rassemblés dans la salle de réception du bureau de circonscription de la députée d’Outremont, Rachel Bendayan, des organismes défendant les sans-emplois et les travailleurs sont venus demander au gouvernement fédéral d’appliquer une réforme de l’assurance-emploi afin de la bonifier.

Les prestataires de l’assurance-emploi doivent composer avec de longs délais à Service Canada, avec des versements qui s’arrêtent trop tôt pour les travailleurs saisonniers (entraînant un passage à vide pendant plusieurs semaines), et avec un taux de prestation « insuffisant et absurde », défendent les organismes présents.

« On est venus présenter nos groupes [à la députée Rachel Bendayan] et la réalité des chômeurs qui se retrouvent à manger des bines car ils n’ont pas grand-chose », déclare Fanny Labelle, du Mouvement Action-Chômage de Montréal (MAC). »Imagine, travailler au salaire minimum puis toucher 55% de ce salaire au chômage alors que ton loyer est de 1200$, tu peux pas t’en sortir » s’exaspère, quant-à-lui, Benoit Lapointe du Mouvement autonome et solidaire des sans-emplois (MASSE).

Les organismes représentant les demandeurs d’emploi à travers le pays réclament que la réforme envisagée depuis des années par le cabinet Trudeau aille de l’avant et fasse passer à 70% le taux de la prestation. Un taux qui serait calculé sur les douze meilleures semaines de salaire. En plus du MASSE et du MAC, le Comité chômage de l’est de Montréal et Action dignité Lanaudière – où la situation des chômeurs est similaire à Montréal – étaient présents au rassemblement.

Une réforme exigée

L’action a pris place à Montréal, mais également en Ontario et au Nouveau-Brunswick. Parmi les députés montréalais du cabinet Trudeau, les manifestants d’ici ont choisi Mme Bendayan, car elle est ministre associée des Finances. Selon ce que leur aurait dit la ministre de l’Emploi et du Développement de la main-d’œuvre, Carla Qualtrough, qui défend une réforme de l’assurance-emploi, ce serait le ministère des Finances qui bloquerait ce changement.

Les organismes se demandent pourquoi la réforme est bloquée, et affirment être venus demander des comptes à Mme Bendayan à ce sujet. Quant à Mme Qualtrough, elle s’était engagée en 2022 à déposer le projet de loi cette année. Les manifestants auront finalement pu rencontrer la députée lors d’un appel, après sa sortie de la Chambre des communes.

La députée d’Outremont est en plus secrétaire parlementaire du ministre du Tourisme, or « les travailleurs de l’industrie touristique ont particulièrement besoin du chômage après la saison », explique Mme Labelle. Ces travailleurs sont qualifiés et essentiels mais vivent une période de disette entre la fin de leurs prestations et le début de la saison touristique, continue-t-elle. Pour éviter de telles périodes, il faudrait hausser le nombre minimum de semaines sur l’assurance-emploi à 35 semaines, contre 13 actuellement à Montréal, argumentent les organismes.

En ce moment à Montréal, il faut travailler 700 heures, soit environ cinq mois à temps plein, pour se qualifier à des prestations. « La moitié des chômeurs ne touche pas de prestations avec ce système » s’indigne un manifestant. Fanny Labelle attend de cette réforme l’abaissement à 350 heures cotisées pour obtenir le droit au chômage.

Il faut aussi mettre fin aux iniquités entre régions selon le taux de chômage local. Le taux et la durée de la prestation se fait en fonction de cette valeur. L’assurance-emploi est une assurance, rappelle Benoit Lapointe, et « pour une assurance-logement, on ne s’imagine pas avoir une prestation différente selon la région » constate-t-il. « Trouver un emploi ne dépend pas uniquement du taux de chômage, il y a des critères de qualification et de parcours de vie qui entrent en jeu », conclut M. Lapointe.

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