L’Orchestre à vents de Montréal-Nord: 50 ans de souffle et d’énergie
Le 19 mars 2023 demeurera une date mémorable dans les 50 années d’histoire de l’Orchestre à vents de Montréal-Nord. Sur la scène du Théâtre Mirella & Lino Saputo, dans l’arrondissement de Saint-Léonard, les sept chefs qui ont dirigé l’orchestre au cours de ce demi-siècle se sont réunis devant une salle remplie à pleine capacité de mélomanes issues de différentes générations.
«Pour le même concert, d’y retrouver sept chefs différents, cela représente quelque chose d’assez unique, pour ne pas dire du jamais vu, lance l’actuel président du conseil d’administration de l’Orchestre, Yanick Lanthier. Ce projet a bravé vents et marées. Il aura survécu aux hauts et aux bas des conséquences de la pandémie. Cependant, aucune guerre, aucun virus ne peut détruire et ne peut atteindre la force de la passion et le langage que représente la musique!»
«Il faut accorder un merci spécial au fondateur de l’orchestre, Antonio Bernabei, pour avoir investi une partie de sa vie, de son cœur et de son portefeuille dans la création et maintien de cet ensemble, grâce auquel un nombre incalculable d’adolescents ont découvert la musique et nourrissent encore aujourd’hui cette passion», ajoute M. Lanthier, lui-même tromboniste depuis 40 ans.
Solide fondateur
Il en a fallu de la détermination à Antonio Barnabei, cet Italien né en 1938 à Fontecchio, pour fonder un orchestre regroupant au départ des élèves et par la suite des musiciens de la grande région de Montréal, afin d’enrichir la vie culturelle de Montréal-Nord.
Dès l’âge de 10 ans, Antonio Barnabei commence ses études musicales. Ayant immigré en Belgique en 1951, il est reçu au Conservatoire royal de musique de Liège et sa carrière professionnelle commence au sein de l’Orchestre symphonique de Liège. Il sera suppléant percussionniste de 1958 à 1961.
Arrivé au Québec en 1961, il s’engage dès 1963 à la musique des magasins militaires de Montréal. «J’ai quitté l’armée pour devenir professeur de musique à l’école secondaire Henri-Bourassa de Montréal-Nord et j’ai fondé et dirigé l’harmonie pendant de nombreuses années», mentionne Antonio Barnabei lors d’une entrevue téléphonique avec Métro.
Son influence pédagogique et son engagement professionnel auprès de ses élèves ont largement dépassé les frontières de Montréal-Nord. Son œuvre a d’ailleurs été soulignée plus d’une fois, dont par le Prix d’honneur de l’Alliance des professeurs de Montréal en 1988 et le Prix l’Escarbot du gouvernement fédéral en 1992. L’Arrondissement de Montréal-Nord lui a par ailleurs décerné le prix Ambassadeur de l’Arrondissement en 2016.
Événements marquants
Outre la fondation de l’Orchestre au début de la décennie 1970, l’année 1973 sera mémorable pour Antonio Bernabei car en compagnie de collègues de trois écoles différentes, il préparera un concert conjoint à la salle Le Plateau, au parc Lafontaine. Ce concert deviendra par la suite La CECM en musique.
L’année 1979 sera tout aussi déterminante car afin d’améliorer la qualité musicale, l’Harmonie offre aux anciens musiciens de l’école la possibilité de poursuivre leur élan musical au sein de sa formation.
En 1983, l’Harmonie Henri-Bourassa remporte le premier prix lors du Festival des Harmonies du Québec et, en 1985, elle représente la Canada lors du Festival international folklorique de Billingham, en Angleterre. «Pour y participer, nous avions besoin d’amasser 60 000$ et à l’époque, c’était une somme colossale. Cinquante adolescents et six adultes devaient réaliser cet exploit», se remémore Yanick Lanthier.
Les années 1980 se terminent avec un grand changement, l’Harmonie adoptant une nouvelle orientation et acceptant les musiciens adultes en provenance de tous les quartiers de Montréal. Il y a dorénavant trois ensembles: l’harmonie débutante, intermédiaire et senior.
«Le 22 décembre 1986, le maire de Montréal-Nord, Yves Ryan, recevait notre Orchestre sur le toit de l’aréna Garon pour un concert, raconte M. Bernabei. Il m’a alors dit que la municipalité pourrait subventionner notre orchestre jusqu’à 7000$ par année si nous acceptions des musiciens de tous les âges et qui n’étaient pas nécessairement des anciens élèves. Nous avons alors changé de cap et nous avons changé le nom de l’Harmonie pour l’Orchestre à vents de Montréal-Nord quelques années plus tard.»
En 1992, M. Bernabei abandonne la direction de l’Harmonie à la suite d’un accident cardiaque. Stéphane Garneau le remplace au sein des harmonies scolaires et Joël Couture prend la relève et assure la transition de l’Harmonie senior.
L’année 1993 marque l’entrée de Michel Simard comme directeur musical. Il dirigera l’orchestre pendant neuf ans et le propulsera vers une des plus hautes distinctions en classe ouverte au Festival des harmonies de Québec.
Le début du nouveau millénaire marque l’arrivée de Benoit Rochefort à la direction musicale. Sous sa gouverne, de 2002 à 2007, l’orchestre multiplie les représentations et remporte à trois reprises le Festival des harmonies du Québec.
Après 16 ans d’absence, Antonio Bernabei revient au pupitre de l’Harmonie en 2008. Avec son retour, plusieurs anciens musiciens et élèves de l’école Henri-Bourassa rejoignent les rangs de l’orchestre. Il prendra par la suite une retraite bien méritée en 2011.
Sophie Picard, Stéphane Forget, Jean-Marc Lefebvre se succèderont à la direction de l’Orchestre jusqu’en 2019, année qui marquera l’arrivée de Maria Seminara, qui assure encore aujourd’hui la destinée du célèbre orchestre de Montréal-Nord.
Aujourd’hui, la vie continue pour l’Orchestre à vents de Montréal-Nord et le 24 juin, journée de la Fête nationale du Québec, ses musiciens donneront un concert en plein air au parc Aimé-Léonard. «Je dirigerai les deux premiers morceaux et je passerai la baguette au chef actuel», conclut Antonio Bernabei.