Projet structurant de l’est: l’ARTM exclut le train aérien avec un projet de 36 G$
LETTRE OUVERTE – Plus que jamais, des études complètes s’imposent.
Si on en croit les grandes lignes rendues publiques dans le quotidien La Presse + du samedi 1er juillet, le rapport final du Projet structurant de l’Est (PSE) recommande d’exclure tout train en structures aériennes et favorise un prolongement dans Rivière-des-Prairies. Le Collectif en environnement Mercier-Est (CEM-E) salue cet aveu que les citoyens de l’est de Montréal avaient pleinement raison de dénoncer l’implantation d’un train aérien en milieux densément habités. La mise en service de la branche sud du REM nous montre chaque jour à quel point le bruit généré est inacceptable aux populations riveraines qui multiplient, depuis des mois, les dénonciations dans tous les médias.
Le CEM-E faisait également valoir qu’il était inacceptable d’oublier un quartier comme Rivière-des-Prairies dans un projet de cette envergure. Tout futur projet de transport structurant doit combler cette lacune.
Nous soulignons la reconnaissance par le groupe de travail (ARTM, MTMDQ, Ville de Montréal, STM) d’une évaluation de la STM à l’effet que la ligne verte du métro peut absorber la croissance d’achalandage jusqu’à l’horizon 2050. Le rapport de la STM sur les impacts du REM publié en janvier 2023 établissait la nécessité d’investir rapidement 5 G$ pour la mise-à-niveau des infrastructures du métro, avec ou sans PSE. L’article ne fait pas mention de cette obligation.
En prenant position pour un train souterrain, le groupe de travail admet implicitement que les enjeux techniques, soulignés dans son rapport intermédiaire, rendaient techniquement périlleux d’implanter un train aérien dans Montréal-Est/Pointe-aux-Trembles. Le CEM-E avait soulevé ces enjeux tant dans ses communications avec les médias, ses activités publiques que dans ses multiples rencontres avec des élu(e)s de tous les partis siégeant à Québec et à Montréal.
Mais tout cela à quel coût ? Le coût estimé du PSE passe de 10 G$ à 36 G$. On parle ici de quatre fois le coût estimé du REM de l’Est initial (qui comprenait le lien vers le centre-ville). Est-ce que le gouvernement jugera qu’un investissement de 36 G$ est justifiable aux yeux des contribuables du Québec ? Poser la question, c’est y répondre. Avec cet estimé l’ARTM démontre que le mode train léger automatisé n’est probablement pas la solution optimale pour répondre aux besoins de déplacements des montréalais. Rappelons que l’étude Origine-Destination s’amorce et que les résultats ne seront disponibles qu’à l’automne 2024.
Depuis plus de 2 ans, le CEM-E, de nombreux groupes et plusieurs experts émérites dénoncent l’absence d’études comparatives objectives des différents modes de transport et tracés menées de façon indépendante par l’ARTM. Alors que le tramway faisait presque l’unanimité en 2018 tant à la Ville de Montréal, à la CAQ maintenant au pouvoir, au Parti Québécois (PQ) et à Québec Solidaire (QS), le Gouvernement du Québec a imposé un mandat extrêmement restreint, exigeant que l’analyse se limite à une version tronquée du projet du REM de l’Est.
Que fait-on à partir de maintenant ?
Tel que demandé à répétition par le CEM-E et ses alliés, il faut redonner à l’ARTM l’autonomie prévue dans sa loi cadre, pour lui permettre de réaliser l’étude complète des besoins, des modes et des tracés Il importe que les résultats de ces études fassent l’objet d’une vaste consultation publique avant qu’un choix final ne soit fait. Ces revendications, le CEM-E les émettaient dès avril 2021 et elles demeurent d’actualité encore aujourd’hui.
Laissons enfin l’ARTM effectuer son travail. Entièrement et librement.
Le CEM-E suit le dossier du REM de l’Est depuis l’annonce du projet en décembre 2020. Il demeure engagé à poursuivre ses efforts de mobilisation, de communication et d’analyses en collaboration avec ses partenaires.