Retour au travail sous tension
Comme on s’y attendait, les garages de mécanique ont été pris d’assaut dès leur réouverture, mercredi. Il était même difficile de trouver un mécanicien prêt à prendre le temps de raconter son retour au travail en pleine pandémie.
Que ce soit sur la rue Fleury ou sur la rue Lajeunesse, les stationnements des garages de mécanique les plus connus étaient bondés. On ne prenait même plus de rendez-vous pour les trois jours à venir.
Chez Réparations d’autos Ahuntsic, avant même de dire «bonjour», le propriétaire Bernard Colas asperge les mains de ses clients avec du désinfectant. On devine alors son sourire derrière son masque bleu. C’est sa nouvelle manière de saluer les gens.
Il a commencé à recevoir des appels la veille de la réouverture des garages de mécanique. «J’en ai tellement reçu que je ne les ai pas comptés, mais j’ai répondu au téléphone jusqu’à 22h», assure-t-il.
Sa liste de rendez-vous pour la première journée était pleine assez vite. Même la deuxième journée était largement entamée.
«Je suis en train de voir aussi mes clients qui ont des pneus entreposés chez moi. Ils sont prioritaires sur les autres», dit-il.
M. Colas a accepté également quelques clients venus déposer leur auto le matin, sans l’avertir. Son garage, qui a pignon sur le boulevard Saint-Laurent depuis 19 ans, est limité quant à la distanciation physique.
«Je n’ai que deux lifts, je ne peux prendre deux voitures à la fois à l’intérieur [pour respecter les mesures]», précise-t-il, ajoutant que le stationnement extérieur est juste assez grand pour quatre voitures.
Un seul employé travaille dans le garage en plus de M. Colas et les clients déposent les clés sur le comptoir. La réception est assez grande pour respecter les deux mètres réglementaires.
Le retour au travail est tout de même exigeant. «Ça fait un mois et quelques jours que je ne fais rien. Mon corps n’est pas encore habitué», souligne le garagiste à la cinquantaine bien entamée.
Attendre à mai
Les demandes des clients sont essentiellement des changements d’huile et des remplacements de pneus.
Si la date du 15 mars est passée depuis un mois, M. Colas souligne qu’il n’y a pas lieu de se précipiter pour changer ses pneus d’hiver. «Ce n’est pas urgent. On se souvient de la tempête de neige l’année passée en avril. J’avais dit à bien du monde qu’ils pouvaient attendre le mois de mai.»
Par ailleurs, il est convaincu que les conditions météo permettent de rouler encore avec des pneus d’hiver pour quelque temps. Pas de presse non plus pour le changement d’huile, hormis pour les vieilles autos.
M. Colas sait aussi qu’il fera d’autres réparations selon la demande. «Puisque le gouvernement nous a donné l’autorisation, une personne qui fait ses pneus on lui fera son muffler si c’est nécessaire.»
Son garage doit normalement fermer à 17h30, mais il sait qu’il risque d’enfiler les heures supplémentaires pour répondre à la demande.