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Lutter contre le gaspillage pour s’alimenter autrement

Pour lutter contre le gaspillage alimentaire Jennifer Coutou-Dellar a lancé FEED~back Ahuntsic-Cartierville
Jennifer Coutou-Dellar Photo: Amine Esseghir

Avec deux complices, Jennifer Coutou-Dellar a lancé le FEED~back Ahuntsic-Cartierville pour lutter contre le gaspillage alimentaire. Elles récupèrent chez des commerçants des denrées destinées à la poubelle et les transforment. Leur initiative vient de prendre une nouvelle dimension en se dotant d’un jardin communautaire pour leur fournir fruits et légumes frais.

Est-ce que le jardin communautaire était prévu dans vos plans?

Dès le début on en voulait un parce que l’été il y a aussi des surplus. C’était un peu difficile l’année passée de les récupérer à cause de la COVID. Ville en vert nous a cédé le jardin du Sault-au-Récollet [dans le parc-nature de l’île de la Visitation]. Aujourd’hui, nous avons quatre bénévoles dont une qui a énormément d’expérience et qui transmet déjà son savoir.

Quel est le lien entre la production d’un jardin communautaire la récupération de denrées qui devaient être jetées?

Cela permet d’avoir des aliments cultivés et de bonifier notre offre. Cela sert à assaisonner avec les arômes, les fines herbes ou les fleurs comestibles qui permettent d’enjoliver les paniers que nous offrons. Ce sont des petits plus qui sont bien accueillis. Cela alimente le mieux-être des personnes.

Avant vous distribuiez les aliments récupérés et vous appreniez aux gens à apprêter des produits en fin de vie commerciale. Faites-vous cela encore?

Cela a été mis en pause à cause de la COVID. Avant on allait dans les milieux [des résidences pour personnes vulnérables ou âgées] et on outillait les gens pour qu’ils soient autonomes. On voyait quels moyens étaient disponibles et quels besoins étaient exprimés. On aidait à instaurer les bonnes habitudes. On apportait du mieux-être et on consolidait la solidarité en faisant la cuisine ensemble.

Est-ce que le projet se poursuit en attendant des jours meilleurs?

Nous poursuivons nos opérations de récupération de tri et préparation des paniers. La Maison du monde nous a offert espace pour maintenir ces activités. Nous avons environ 35 bénéficiaires avec une seule collecte actuellement. Avant la COVID, on en avait deux pour desservir le même nombre de personnes approximativement.

En plus des références du CIUSSS, on a toujours la résidence Revanous, destinée aux personnes vivant avec de légères déficiences intellectuelles et à mobilité réduite, on a Brin d’Elles, une communauté de femmes à risques ou issues de l’itinérance, et Hébergement Péloquin, des hommes en détresse situationnelle.

On a dû trouver de nouveaux bénévoles alors qu’au départ ce sont les gens dans leurs milieux [résidences pour personnes vulnérables] qui étaient les porteurs de projets.

Pour éviter que les gens jettent ce qu’on leur offre, on les invite par le biais d’un formulaire d’inscription à identifier leurs restrictions alimentaires, voire leurs envies.

Vous vous êtes transformés en banque alimentaire finalement?

On ressemble à une banque alimentaire parce qu’on fait du dépannage. En revanche, ce qui nous distingue c’est qu’en plus des aliments collectés et revalorisés pour les bénéficiaires, tout ce qu’on aurait pu récupérer pour le cuisiner, on le donne maintenant à des «courageux». Ce sont des gens qui possiblement font du dumpsterdiving [le déchétarisme]. Ils sont potentiellement en situation d’itinérance et ne se qualifient pas pour une banque alimentaire ou ils ne veulent pas y aller. Ils reçoivent ces aliments sachant qu’ils doivent les cuisiner dans les 24h.

Vous avez récemment présenté un mémoire dans le cadre d’une consultation de la Ville de Montréal pour la cessation du gaspillage. Quelle est votre position?

Pour éliminer le gaspillage, il faut des changements structurels. C’est tout le système alimentaire qu’on doit transformer et cela ne peut pas se faire du jour au lendemain. C’est pour cela que nous nous positionnons pour répondre à des besoins [la sécurité alimentaire et la limitation du gaspillage] qui seront encore présents pour plusieurs années avant d’en arriver à instaurer ces mutations et ne plus avoir à gérer des pertes.

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