Les futurs logements sur Louvain Est inquiètent les riverains
Le développement d’un nouveau quartier de 800 à 1000 logements, sociaux et communautaires, suscite des appréhensions dans le voisinage. Certains ont peur de voir émerger un ghetto pour pauvres. D’autres craignent des problèmes de stationnement et de trafic à venir.
L’examen par l’Office de consultations publiques de Montréal (OCPM) des modifications du plan d’urbanisme de la Ville pour lancer les travaux de construction sur le site Louvain Est a permis d’entendre ceux qui se sont peu exprimés sur le projet depuis qu’il est annoncé.
La rencontre virtuelle du 20 avril offrait la possibilité de poser des questions à des représentants de la Ville et des initiateurs du projet.
Ce sont surtout des gens du voisinage qui se demandent comment une telle concentration de logements sociaux permettrait de favoriser la diversité sociale et économique.
Ils font valoir à ce sujet la présence d’un HLM de 150 logements juste en face, où ont déjà été signalés des problèmes de sécurité. On compte déjà près de 1200 logements sociaux dans un périmètre de moins de 1km.
Le projet s’étend sur une ancienne cour de voirie inoccupée depuis 2009, grande comme huit terrains de football américain, soit un peu plus de sept hectares. Il est situé le long de la rue de Louvain Est, entre l’avenue Christophe-Colomb et la rue Saint-Hubert. Sa planification est menée par un Bureau de projet associant la Ville, l’arrondissement et la table de concertation Solidarité Ahuntsic.
Mais, pour la Ville, il ne semble pas y avoir de problème, puisque c’est Montréal qui sera responsable de maintenir la diversité sociale.
«Seuls 50% de logements seront destinés à des ménages à faibles revenus. Le reste est géré par des coopératives et OBNL locaux», a répondu Daniel Legault, conseiller en aménagement à la Ville.
Ce sont les habitants qui gèreront le site, «ce qui favorisera la fierté et le sentiment d’appartenance à la communauté», a-t-il souligné.
Il a aussi rappelé que des expériences d’occupation d’espaces urbains vides, comme les Shops Angus, se sont révélées des succès.
«Ce sont surtout les surfaces inutilisées qui favorisent la multiplication des activités illégales», a-t-il relevé.
Les voitures
L’augmentation du nombre de véhicules dans le secteur suscite les appréhensions d’Alexandre Dobrescu, un riverain du projet.
Le futur quartier vise la réduction de l’usage de l’automobile et favorisera le transport actif et en commun. Il prévoit globalement une place de stationnement pour trois logements.
Or, les statistiques montréalaises indiquent qu’un ménage possède en moyenne 1,01 véhicule. Par un calcul simple, M. Dobrescu prévoit l’arrivée de 870 autos dans le coin, pour lesquelles seules 260 places sont prévues. Il se demande où ils vont stationner.
La proximité du métro Sauvé et la hausse de l’achalandage devraient inciter la STM à augmenter les fréquences des bus, croit Annie Laurin, conseillère en aménagement à la Ville. Cela devrait aussi inciter les gens à rejeter les voitures.
«Les résidents ne vont pas venir du jour au lendemain», a-t-elle tenu à rassurer. Effectivement, le chantier doit durer une dizaine d’années avec une occupation progressive des lieux.
Si le règlement d’urbanisme est voté cette année, les travaux de construction débuteraient en 2023 au plus tôt.