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Solidarité Ahuntsic: se taire pour se faire entendre

Le centre communautaire Ahuntsic sera fermé du 21 au 25 mai en protestation contre le manque de financement et de reconnaissance. Photo: Archives

La table de concertation de quartier Solidarité Ahuntsic ferme le centre communautaire quatre jours durant la longue fin de semaine de mai. Il s’agit d’une action silencieuse pour protester contre le manque de financement alors qu’un surplus de travail, né avec la COVID, n’est pas reconnu.

C’est le conseil d’administration qui a pris la décision de prendre congé du vendredi 21 au mardi 25 mai. Dans une lettre publiée sur les réseaux sociaux, intitulée «Invitation à participer à un mouvement de demande de reconnaissance», Solidarité Ahuntsic appelle les organismes communautaires locaux à la suivre dans cette action pour attirer l’attention des élus sur la situation.

«Au niveau du CA, on s’est rendu compte de l’épuisement de l’équipe. On s’est dit wow, on ne va pas perdre notre directeur. Il y a quelque chose qui ne marche plus», relève la présidente de Solidarité Ahuntsic, Claude Ampleman.

Elle a aussi observé le même épuisement dans plusieurs organismes. Imposer deux jours de congé au centre communautaire, c’est aussi une façon d’aider un milieu toujours sollicité.

«On a déjà des appuis, mais on nous dit, on ne fermera pas. Il y a des personnes qui ont faim, les personnes âgées ont besoin de transport. C’est très difficile pour les gens d’arrêter de travailler», observe-t-elle.

Au front

Après avoir rappelé que les organismes communautaires sont aux premières loges depuis le début de la pandémie, Solidarité Ahuntsic a souligné dans sa lettre aux organismes que le milieu vit des changements en permanence induits par les mesures sanitaires.

Cette situation a engendré des dépassements d’heures de travail, des prises de risques pour la santé et la mise en place d’une administration adaptée à la COVID. Des efforts qui «ne sont ni reconnus ni financés adéquatement», souligne l’organisme dans sa lettre.

«C’est un peu cela le drame du milieu communautaire. Pour travailler là-dedans, il faut que tu aies l’âme à cela.» Claude Ampleman, présidente de Solidarté Ahuntsic.

«Il n’y a pas d’organismes qui ont fermé, rappelle Mme Ampleman. Les services ont continué d’être rendus, que ce soit aux personnes vulnérables, aux itinérants, aux immigrants.»

Depuis mars 2020, tous les organismes sont en gestion de crise avec des adaptations constantes de leurs activités.

«C’est le moment de dire au gouvernement de reconnaître le milieu communautaire qui est toujours la béquille qui supporte l’ensemble des problématiques dans la société et apporter une aide financière conséquente pour nous permettre de continuer de faire notre travail», résume la présidente de Solidarité Ahuntsic.

Plus de moyens

Dans son courrier, l’organisme souligne que «le manque de financement affecte directement les salaires et génère des problèmes de recrutement et de rétention des employés.»

La protestation demeure toutefois très timide. Il ne s’agit pas d’un débrayage proprement dit, mais plutôt d’une manifestation par le silence.

«J’en ai déjà parlé de la grève, mais ça ne suit pas. On me dit, on ne peut pas. C’est un premier mouvement. Est-ce qu’il y’aura d’autres choses? Je ne sais pas», s’interroge-t-elle.

Elle assure que des lettres seront acheminées aux élus plus tard pour les solliciter et les mettre au courant de la situation.

Solidarité Ahuntsic craint de voir aussi les conséquences de la pandémie retomber sur les épaules des organismes communautaires, une fois que la vie sera revenue à la normale. La table de quartier parle de «“déconfiner” des personnes en situation de handicap physique ou aux prises avec des problèmes de santé mentale», sans plus de moyens matériels ou humains.

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