Un inventaire des reptiles menacés avant les travaux d’un parc
Le parc Zotique-Racicot est suspecté d’être le domicile de couleuvres brunes, une espèce en voie d’être menacée. D’après des données du ministère des Forêts, de la Faune et des Parcs (MFFP), des individus se trouveraient dans un rayon de 2 km autour du parc.
Les habitants des environs du parc Zotique-Racicot ont récemment pu voir de nouvelles affiches apparaître, leur annonçant qu’un inventaire des reptiles était en cours dans le parc. En amont du réaménagement des lieux, l’arrondissement d’Ahuntsic-Cartierville veut en effet s’assurer que les travaux n’auront pas d’impact négatif sur la faune environnante.
Le Groupe de recherche et d’études en biostatistique et en environnement (GREBE) a débuté l’inventaire à l’automne dernier. Il a alors défini la friche sous la ligne de haute tension d’Hydro-Québec comme un habitat potentiel pour les couleuvres.
«On a aussi mis l’accent sur les amas de pierres», sous lesquels les reptiles aiment se cacher.
Depuis le 2 mai, les biologistes appliquent le protocole établi par le MFFP pour tenter de confirmer leur présence. Ils tentent de les attirer au moyen de 25 abris artificiels répartis le long du parc.
La couleuvre est un animal à sang froid. Ella besoin de chaleur pour la production d’œufs et pour favoriser la digestion.
Mario St-Georges, biologiste et président du GREBE
Ces abris composés de deux feuilles de bardeaux en asphalte permettent de conserver la chaleur émise par le soleil et dont les fameuses couleuvres ont besoin.
«C’est un peu une technique de paresseux. Au lieu de sortir tous les débris, on se concentre sur les bardeaux», analyse le scientifique.
Des mesures de mitigation
Jusqu’au 24 juin, les chargés d’inventaire viennent vérifier la présence de reptiles sur ou sous les abris.
D’où l’importance d’informer les riverains et passants afin qu’ils ne déplacent pas les bardeaux. Une campagne de sensibilisation comprenant les affiches a été menée auprès des habitants.
C’est d’ailleurs grâce à ces derniers que la campagne a eu lieu, les citoyens ayant insisté pour que soit préservée la faune et la flore lors de consultations publiques concernant le réaménagement du parc. «La population est de plus en plus sensible à la question de la biodiversité et le manifeste plus souvent. Ils tenaient vraiment à garder l’aspect naturel du site», souligne Michèle Blais, relationniste à l’arrondissement.
Ainsi, l’entrepreneur chargé du réaménagement du parc sera tenu de «sensibiliser ses employés» et de mettre en place des mesures de mitigation.
Un grand ménage est d’ailleurs prévu pour enlever des bouts de bétons et de l’acier rouillé. «On conserve des belles pierres qui ont de la valeur» avant d’ensemencer pour végétaliser les talus», explique Jérôme Janelle, architecte paysagiste.
Cette mission implique de veiller à préserver l’habitat naturel des espèces présentes tout en éliminant les roches potentiellement dangereuses pour les usagers du parc.
Même si l’arrondissement a établi un premier plan des travaux, celui-ci sera modifié au besoin après les résultats de l’inventaire afin de s’assurer que la biodiversité locale est respectée. C’est la première fois que l’arrondissement d’Ahuntsic-Cartierville réalise un inventaire des reptiles.