Ruba Ghazal et Rabia Chamoun, dialoguent avec Harout Chitilian
Rabia Chamoun et moi-même, Ruba Ghazal, sommes membres du comité citoyen sur le dialogue interculturel (CCDI) de Bordeaux-Cartierville. Afin de contribuer au développement d’un dialogue interculturel enrichissant dans le quartier, nous avons eu l’idée de lancer une série de rencontres sous forme de dialogues avec des personnalités issues de divers milieux. Harout Chitilian, conseiller municipal de Bordeaux-Cartierville, inaugure cette série de dialogues.
C’est par un début de soirée glaciale de fin novembre que Rabia et moi nous nous rendons rue Chabanel à la rencontre du favori des électeurs de Bordeaux-Cartierville, Harout Chitilian. Détendu et souriant, le conseiller réchauffe les locaux gris du conseil municipal par quelques blagues qui sont les bienvenues pour vos humbles concitoyennes, revêtant les habits de journalistes pour l’occasion.
Nous entamons la conversation en demandant à Harout Chitilian de nous raconter son cheminement au Québec. Poussé avec sa famille hors du Liban en guerre intestine, Harout immigre ici en 1990 à l’âge de 9 ans. Celui qui parle aujourd’hui cinq langues, a dû apprendre celle de Molière à la dure, en intégrant une classe régulière et non pas une classe d’accueil. Le Basketball a été pour ce grand de 6 pieds 3 un excellent moyen d’apprendre le français tout en rencontrant la diversité pour la première fois. À l’exception de l’entraîneur d’origine Canadienne française, ses jeunes coéquipiers étaient tous d’origines diverses : libanaise, arménienne, haïtienne, cambodgienne, …
Nous faisons part à Harout Chitilian de notre inquiétude face à cette réalité qui fait qu’un jeune issu de l’immigration soit si peu souvent en contact avec des «Québécois de souche». Comment perçoit-il le fait que ces résidents participent peu aux activités du quartier et que certains se sentent parfois même exclus ? Cartésien, Harout ne se laisse pas impressionner par les perceptions et analyse la situation froidement. Il décortique les différents groupes composant son district qu’il connaît comme le fond de sa poche après s’être présenté à deux élections. Rassembleur, le jeune politicien d’origine Arménienne se voit comme l’élu de tous et refuse de privilégier un groupe plus qu’un autre.
À la question « De quoi Bordeaux-Cartierville a-t-il besoin pour qu’il devienne un quartier modèle dans le domaine du dialogue interculturel ? », la réponse de Harout fuse : « D’espoir! Car c’est l’essence au moteur de l’intégration. Il y a toujours quelque chose de positif à l’horizon. » Il voit son rôle de conseiller municipal comme celui du pèlerin qui va à la rencontre de ses semblables, leur parler un à un, les écouter, apprendre et diffuser son message d’espoir.
Quel message souhaite-t-il transmettre aux citoyens désireux d’avancer sur le chemin du dialogue interculturel ? Harout l’ingénieur nous étonne en se faisant historien et propose à tous de se plonger dans un livre d’histoire du Québec et de Montréal. Nous découvrirons alors une histoire impressionnante de métissages … et ça continue ! (Collaboration spéciale: Ruba Ghazal du CCDI)