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Fermé il y a trente ans : que reste-t-il du parc Belmont?

Le 13 octobre 1983, le parc Belmont fermait ses portes après 60 ans de bons et loyaux services. Ce parc était la destination de loisirs privilégiée des Montréalais, mais aussi l’endroit où certains se sont échangés leurs premiers baisers…

Trente ans après sa dernière journée, les gens se souviennent encore de la grosse femme qui rit, la reine du parc Belmont. C’est une statue en papier mâché de 1 mètre et demi de haut dont le rire tonitruant, enregistré sur un disque, a provoqué l’hilarité de milliers d’enfants.

« J’avais 10 ou 12 ans, j’allais au parc avec mes frères », se souvient Julien Brassard. À 80 ans, il évoque encore, non sans esquisser un sourire, la bonne femme qui riait. « Ah oui, mes enfants adoraient cette grosse bonne femme », renchérit Lucie Parent. « J’ai 83 ans, j’ai eu huit enfants, raconte-t-elle. Je les ai tous emmenés au parc au fur et à mesure qu’ils grandissaient ».

« J’y allais avec mon frère, se rappelle Jeannine Champeau. On prenait le tramway de Cartierville et on aimait beaucoup ça parce que ça prenait beaucoup de temps avant d’arriver ». Âgée aujourd’hui de 84 ans, elle a connu les belles années du parc d’attractions et ce n’est pas pour rien qu’elle en garde aussi un souvenir gustatif. « C’était l’époque de la guerre et là-bas on mangeait bien et ce n’était pas cher », confie-t-elle.

« Quand tu disais le parc Belmont, tout le monde savait de quoi tu parlais », indique le docteur Robert Laurin, ancien résident de Cartierville. « C’était une source d’emploi l’été pour les étudiants et les retraités. Pour les commerçants, c’était une mine d’or », même si pour les Cartiervillois, c’était aussi une source de désagréments durant la saison. « On avait tous hâte que ça ouvre et on avait tous hâte que ça ferme », se remémore-t-il.

Attractions

« Je n’aimais pas la grande roue », indique Mme Parent. Être dans le vide là, ça me faisait peur. » « Moi j’aimais bien, relève M. Brassard. J’aimais aussi le scenic, parce qu’à un moment ça rentrait dans la noirceur. C’est là qu’on profitait pour embrasser notre chum », avoue spontanément Mme Parent, avec un sourire amusé. Elle qui disait n’avoir été là-bas qu’avec ses enfants, reconnaissait avoir fréquenté aussi le parc durant son adolescence. Le Scenic railway était en fait les montagnes russes en bois qui constituaient l’attraction majeure du parc.

« Je me demande pourquoi on l’a fermé. C’était un très beau parc », regrette Mme Champeau. « Je crois qu’il devenait trop vieux, suppose Mme Parent. Et puis il y a eu l’accident. »

Chronique d’une fermeture annoncée

Effectivement, le 31 juillet 1979, deux enfants sont blessés dans le manège du parachute, connu sous le nom de Paratrooper.

Cet événement sonnait comme une alerte quant à la vétusté des installations, même si en 60 ans d’activité, le parc a toujours été convenablement entretenu. Cet élément venait convaincre ceux qui en doutaient encore que les jours du parc Belmont étaient comptés. La Ronde, qui avait ouvert ses portes avec l’exposition de 1967, avait gagné en notoriété et concurrençait sérieusement le prestigieux parc de Cartierville. Pour le Dr Laurin, le parc Belmont avait connu ses plus belles années entre 1940 et 1960. « À partir de l’année de l’expo et l’ouverture de la Ronde, le parc Belmont attirait beaucoup moins de monde. La fermeture devait arriver. Il avait fait son temps. »

À lire, Les Saisons du Parc Belmont de Steve Proulx paru aux Editions Libre Expression, en 2005.

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