Postes coupés au CSSS Ahuntsic Montréal-Nord : les services aux citoyens menacés?
« On dirait qu’actuellement ceux qui sont frappés le plus ce sont les psychologues, les travailleurs sociaux, les ergothérapeutes qui travaillent en santé mentale et les organisateurs communautaires », constate Marjolaine Gaudreau, présidente locale de l’Alliance du personnel professionnel et technique de la santé et des services sociaux (APTS). Cette organisation syndicale qui rassemble des professionnels des services sociaux et des psychologues perd 11 membres dans cette compression.
« Depuis 2012, nous avons perdu 25 emplois », indique-t-elle.
« Pour être précis, nous parlons concrètement de 12 postes et tous ne sont pas à temps complet », observe Donald Haineault, directeur général adjoint du CSSS AM-N.
S’il n’énumère pas toutes les abolitions, il indique toutefois que trois des postes supprimés étaient vacants et qu’un emploi d’organisateur communautaire ne sera pas renouvelé après le départ à la retraite de son titulaire. Il cite au passage deux infirmières qui ne seront plus disponibles, mais qui étaient toutes deux à temps partiel.
« À Ahuntsic, on desservait trois écoles. Ils ont coupé deux postes d’ infirmières et elles ne pourront plus se rendre dans toutes les écoles et ne le feront que deux ou trois fois par semaine », constate Mme Gaudreau.
« Nous desservons une école privée, nous avons remis en question la disponibilité d’une infirmière dans cet établissement, révèle M. Haineault. On présume que ces élèves, et je suis tout à fait à l’aise avec cela, pour des besoins spécifiques devaient être desservis par leur CLSC. Les services sont maintenus, ils sont juste reconfigurés », explique-t-il.
Par ailleurs, la direction du CSSS nous a également informés que l’établissement a fait passer son effectif d’infirmières de 599 personnes en mars 2013 à 680 en juin 2014.
Les services hypothéqués?
« On le sait le travail reposera sur le reste de l’équipe, mais on n’est pas mal rendu à l’os », commente Mme Gaudreau. Pour elle, il ne fait aucun doute que ces pertes d’emplois menacent les services aux citoyens d’autant que des réductions budgétaires sont encore à venir.
Elle cite à ce propos l’Association québécoise des établissements de santé et de services sociaux (AQESSS). « C’est le regroupement des employeurs et il craint des répercussions négatives sur les services, remarque-t-elle. Nous le disons depuis des années dans les syndicats. »
Dans un communiqué publié le 11 juin, l’AQESSS rappelait que depuis quatre ans, le gouvernement a imposé aux établissements des efforts d’optimisation de l’ordre de 627 M$.
« Malgré notre compréhension de l’état des finances publiques et notre volonté de participer à son redressement, nous estimons impossible cette année de « livrer la marchandise » sans que les services soient affectés », prévenait l’association. Un avertissement renouvelé quelques fois dans des déclarations aux médias de Diane Lavallée, directrice générale de l’AQESSS.
Reconfiguration
« Quand on dit qu’une équipe sera privée d’un technicien en assistance sociale et qu’on maintient le service, il est certain que les travailleurs sociaux qui étaient complémentaires au technicien reprendront une partie des activités du technicien, développe M. Haineault. Si le poste a été aboli, c’est qu’on a estimé que dans ce cas, ils avaient la capacité d’absorber l’impact. »
« Ce qui se passe, c’est qu’en même temps qu’il y a des compressions budgétaires et il y a aussi des projets d’optimisation, ce qui veut dire faire plus avec moins », avise Mme Gaudreau.
Pour elle, le travail est partagé moitié-moitié entre des tâches administratives et les soins aux patients. Une situation qui pousse à ne plus s’occuper que des cas urgents. Les autres se retrouveraient sur des listes d’attente qui s’allongent avant de devenir des cas urgents à leur tour.
« Notre travail dans les CLSC intervient avant un signalement à la DPJ ou l’hébergement d’une personne âgée, décrit-elle. C’est nous qui intervenons pour désengorger le milieu hospitalier. Nous travaillons toujours avant d’arriver à une mesure plus drastique, plus coûteuse et pas toujours la plus intéressante. »
Si M. Haineault refuse de dire que de nouvelles abolitions sont prévues à court terme, il souligne que le plan de compression n’est pas terminé et que les objectifs fixés n’ont pas été atteints.
« Les compressions ne se traduisent pas uniquement par des coupes de postes. Cela peut être aussi par des regroupements de services autant au niveau des fournisseurs que dans les aspects administratifs », énonce-t-il. Il attend avec les administrateurs l’adoption des crédits et le budget de fonctionnement final du CSSS.
« Ces suppressions d’emplois sont celles prévues par l’ancien gouvernement, suppose Mme Gaudreau. Nous attendons de voir comment sera appliqué le budget Leitao. Mais nous ne nous tairons pas. »