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Qui était Ahuntsic?

Fabien Jean-Simon - TC Media
Le nom du quartier Ahuntsic vient de pair avec le nom du village historique, le Sault-au-Récollet et fait référence à un événement tragique qui ait survenu en 1625 avant même la création de Montréal: la noyade du père Nicolas Viel et de son compagnon, un certain Ahuntsic. Plusieurs historiens ont tenté d’étudier la vie de ce dernier, mais se sont butés à différentes embuches historiographies. L’historien Stéphane Tessier revient sur la question pour le Courrier.

«Le drame survient alors que le père récollet Nicolas Viel revient d’un voyage d’évangélisation en Outaouais et se dirige vers Québec pour aller faire son rapport, raconte M. Tessier. Lorsqu’il passe par la rivière des Prairies – il fallait être aguerri pour négocier les rapides où est maintenant située la centrale électrique sur les berges d’Ahuntsic – un canot a chaviré causant la disparition du père récollet et de son compagnon Ahuntsic.» C’est en référence à cet événement de 1625 que la région a été nommé d’abord Sault-au-Récollet, puis Ahuntsic.

La version officielle, rapportée par Gabriel Sagard, déduit de cette péripétie que le compagnon du père Viel était un autochtone, ce que Stéphane Tessier rejette. «Parce qu’il fallait être aguerri, les Algonquins refusaient d’avoir trop de blancs dans leurs canots, parce qu’ils étaient malhabiles. C’est une des raisons pour lesquels, la version officielle ne tient pas. Ça ne se peut pas, selon le dénombre de blancs par canot, qu’Ahuntsic ait été un autochtone. Dans ce cas, il aurait dû se trouver dans un autre canot et non dans celui du père Nicolas Viel», tranche-t-il.

Depuis on a représenté Ahuntsic comme un autochtone, alors qu’il était français, mais le mystère autour de ce personnage demeure encore entier, les fragments de l’histoire étant trop peu nombreux.

Sur l’évangélisation

Des personnages comme Ahuntsic, il y en a eu plusieurs dans l’histoire de la colonisation française en Amérique. «Il y avait quelque chose comme une grande liberté pour les Français à venir fonder un nouveau pays, découvrir un nouveau territoire. Ça exaltait leur gout de l’aventure et une certaine quête sexuelle», informe l’historien et guide du patrimoine.

Il y avait aussi, d’un autre côté une forte crainte de l’autre, de l’autochtone rappelle M. Tessier. «Il faut se rappeler qu’à l’époque on voyait autochtones comme des sauvages, au sens strict, des êtres humains à l’état naturel, ce qui fait d’eux des sujets parfaits pour l’évangélisation. Quand on fonde Montréal en 1642, on est dans le ventre du dragon, on est chez l’ennemi, seul en terre autochtone. Nous sommes à une époque en France, où on a vécu des guerres de religion, alors on cherche à redorer l’image de l’Église catholique, donc l’évangélisation via les jésuites, compte beaucoup pour l’église dans le Nouveau Monde».

Il ne faut pas sous-estimer cette ferveur religieuse importante, en trame de fond. Elle permet d’en savoir davantage sur la manière dont l’histoire en générale, comme le drame de 1625, est racontée.

Les prochaines visites guidées de Stéphane Tessier

Samedi le 4 mai 2013 / 13h30 / Visite du Vieux-Bordeaux

Dimanche le 9 juin 2013 / 13h30 / Visite de Montréal-Nord

Dimanche le 16 juin 2013 / 14h00 / Visite Rivière-des-Prairies*

Samedi le 22 juin 2013 / 10h30 / Visite du Vieux-Bordeaux

Samedi le 29 juin 2013 / 13h30 / Visite de Cartierville

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