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Le français facultatif pour vivre à Montréal

Les immigrants qui prennent des cours de français au CACI sont, en majorité, issus de pays où on parle déjà la langue de Molière comme l'Algérie, le Maroc et Haïti. Photo: Archives/TC Media

Le Québec a du mal à franciser correctement ses immigrants, selon une étude. Une conclusion confortée par les organismes d’Ahuntsic-Cartierville qui observent que les allophones et les anglophones sont les moins susceptibles de s’inscrire à des cours de français.

Le document rendu public mercredi par l’Institut de recherche en économie contemporaine (IREC), affirme que 200 000 immigrants au Québec ne parlent pas la langue de Molière. Pour Jean Ferretti, chercheur qui a mené ces travaux, ils ne ressentent pas le besoin de l’apprendre pour travailler.

Des constats soutenus par les observations des organismes comme le Centre d’appui aux communautés immigrantes (CACI). Dans un secteur de Montréal où près de la moitié de la population est immigrante, le centre offre des cours de français pour les nouveaux arrivants qui débarquent à Ahuntsic, Cartierville, Saint-Laurent ou Laval.

Pour Anaït Aleksanian, sa directrice, le nombre d’étudiants, notamment ceux inscrits à temps partiel, ne diminue pas. La majorité est issue de quatre à cinq pays où on parle déjà le français. «J’ai 30% qui viennent d’Algérie et du Maroc, beaucoup arrivent d’Afrique francophone ou d’Haïti», assure-t-elle.

Pour s’assurer de préserver la francisation, alors que le gouvernement vise à augmenter le nombre d’immigrants, «il faut aller chercher des gens qui parlent déjà français ou qui vivent dans des zones francophones ou qui sont en contact avec les langues latines», dit M. Ferretti.

Selon le rapport annuel de 2014-2015 du CACI, les étudiants en provenance de Chine, du Sri Lanka et d’Iran constituent à peine 6% des 1600 inscrits.

Une exception toutefois, beaucoup de réfugiés syriens n’hésitent pas à suivre des cours de langue. Ils représentaient 20% de ses classes lors de la dernière session.

Fréquentation en baisse
Au Carrefour d’aide aux nouveaux arrivants (CANA), il n’y a que de deux groupes de francisation actuellement. Mais pour la directrice, Francine Bourdeau, les gens pressés d’aller travailler sont découragés par les obstacles devant eux.

«L’évaluation du niveau de langue est faite une fois par trimestre, les gens qui ratent ce moment, sont obligés d’attendre trois autres mois pour pouvoir s’inscrire», dit-elle.

Ils sont orientés vers d’autres organismes pour passer ces tests, «mais quand on a des difficultés à communiquer, c’est compliqué d’aller à l’autre bout de la ville, et finalement on abandonne», observe-t-elle.

À Ahuntsic, le Centre de ressources éducatives et communautaires pour adultes (CRÉCA) s’attend à ouvrir un seul cours de 20 personnes à la prochaine session de février.

«Nous avions quatre groupes au début de 2015, il nous en restait deux à la fin de l’année», déplore Claude Ampleman, la directrice. Pour inviter plus de gens à suivre ces formations, l’organisme distribue avant chaque session des dépliants aux bouches de métro.

L’étude de l’IREC sur la francisation en chiffres

Plus de 40 % des nouveaux arrivants allophones ou anglophones ne s’inscrivent pas à la francisation.

Nombres d’inscrits: 13 230 en 2010-2011 – 10 759 en 2014-2015.

Coût moyen par étudiant à temps complet: 3110$ en 2007-2008

Coût moyen par étudiant à temps partiel: 780$ en 2007-2008

Réduction de 2,6 M$ des budgets au ministère de l’Éducation entre 2009 et 2014.

 

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