Accompagner la vie jusqu’à la fin
Partout au Québec, dans les hôpitaux, les CHSLD, et même les foyers, des bénévoles accompagnent les patients qui sont au seuil de la mort. Cette tâche lourde nécessite d’être bien outillé. Pour ce faire, des formations sont offertes deux fois par année par l’organisme sans but lucratif Albatros.
Devant une vingtaine de futurs bénévoles, Anne-Marie Montpetit, formatrice pour Albatros depuis plus de 30 ans, commence son cours. «J’ai accompagné de nombreuses personnes jusqu’à la fin et chacune avait sa propre histoire», dit-elle d’emblée.
Pour le premier exercice, elle demande aux participants de nommer les qualités essentielles pour accompagner les personnes malades en fin de vie ou en soins palliatifs. «Calme, écoute, respect, bienveillance, intuition, humilité, discrétion, collaboration…», la liste est longue. «C’est avant tout une présence humaine, tout simplement», résume-t-elle aux futurs bénévoles en pointant son tableau.
Tous les jeudis soir au complexe funéraire Magnus-Poirier de la Sherbrooke Est, les participants qui proviennent des quatre coins de l’île de Montréal, de Laval et de la Rive-Sud suivent cette formation de 36 heures réparties sur 12 semaines.
Parmi eux, Johanne Dupont. Elle s’est inscrite au cours d’accompagnement de fin de vie afin de répondre à son besoin de relations humaines «profondes». Elle souhaite devenir bénévole, avant tout, pour aider les personnes malades et les «apaiser» par sa présence. «Le rythme imposé par notre société est rapide. Les relations restent souvent superficielles à moins de choisir consciemment d’être totalement attentif à ce qui se passe en soi et d’aller à la rencontre de l’autre sans préjugé», explique la participante.
Compétences précises demandées
Le mandat de former ces accompagnateurs provient du gouvernement. Avec l’élaboration du Plan directeur de développement des compétences, des intervenants en soin palliatif du ministère de la Santé et des Services sociaux, les bénévoles sont maintenant partie intégrante de l’équipe soignante, indique la présidente d’Albatros Monique Séguin.
Dans chaque rencontre, il est question des compétences demandées par le Plan directeur du Ministère. Celles-ci sont davantage axées sur des aptitudes que des interventions physiques. «On a trois heures sur des connaissances en lien avec ce que la personne en fin de vie vit au niveau physique à l’annonce du diagnostic, pendant la maladie, à l’agonie et à la fin de vie», explique Anne-Marie Montpetit.
Elle ajoute que le bénévole ne donne pas de bain et ne déplace pas les gens. «Ce qui est important, c’est d’être auprès de la personne en fin de vie, d’être présent, d’être avec et de l’accompagner», dit la formatrice.
Les gens veulent aider, ils ne veulent pas nuire au processus de fin de vie. Ils veulent être là correctement. Dire les bonnes choses, réagir de la bonne manière et ne pas faire de faux pas.
– Cynthia Villiard, directrice générale d’Albatros
Après la formation
Après 12 semaines, les participants pourront être accompagnateurs à domicile, en CHSLD ou en milieu hospitalier à la demande de la personne malade, d’un proche ou d’un membre de l’équipe soignante. «D’habitude les bénévoles à domicile prennent un accompagnement à la fois. En CHSLD, le bénévole peut être jumelé à plusieurs personnes et sur les unités de soins palliatifs, ça va être plus nombreux, car les gens ne restent pas longtemps», indique la directrice générale d’Albatros Cynthia Villiard.
En étant dans le Plan directeur de compétences du Ministère, le bénévole fait partie de l’équipe interdisciplinaire. «Je trouve que c’est un grand pas de fait», pense Anne-Marie Montpetit.
La demande et la pression du personnel soignant sont tellement importantes que la personne est approchée comme une personne malade, alors que c’est avant tout une personne. Le rôle du bénévole est de l’accompagner comme personne et non comme malade.
– Cynthia Villiard
Certains participants se servent également de la formation pour mieux se préparer au deuil et apprivoiser leur propre mort, précise Monique Séguin. C’est le cas de Johanne Dupont qui pense que ses futurs accompagnements de fin de vie lui enseigneront «à lâcher prise lorsque le moment sera venu».
Le coût de la formation de 36 heures est de 200$.