Port de Montréal: un retard anticipé lors du retour à la normale
Alors que les expéditeurs ne sont pas prêts à recevoir les conteneurs, ces derniers s’empilent au Port de Montréal, créant une «rupture» dans la logistique opérationnelle.
Toutes les entreprises jugées non essentielles ont dû fermer leurs portes dans le but de lutter contre la propagation du coronavirus. Cela fait en sorte que les camionneurs ne peuvent aller livrer la marchandise chez leurs expéditeurs.
En tant normal, ce sont des milliers de conteneurs qui sortent du Port de Montréal chaque jour, indique le président-directeur général de l’Association du camionnage du Québec (ACQ), Marc Cadieux. «Il faut comprendre que quand le port va être à sa plein capacité de recevoir des conteneurs, les bateaux qui vont arriver on ne pourra pas les décharger», dit-il.
De son côté, l’administration portuaire affirme que les opérations fonctionnent actuellement comme à l’habitude au port. «Il y a actuellement une douzaine de navires en opérations dans le port, soit l’équivalent d’une bonne journée d’activité normale», écrit par courriel la directrice des communications Mélanie Nadeau.
Vendredi en fin de journée, un employé de l’Association des employeurs maritimes a été testé positif pour la Covid-19. «Cette situation a entraîné un ralentissement seulement dans les terminaux que cet employé est susceptible d’avoir fréquentés», ajoute-t-elle.
Impacts à longs termes
Marc Cadieux estime qu’il y aura un retard «absolument incroyable» lorsque les activités reprendront à la normale après la crise. «Ça va laisser des séquelles pendant des mois, prédit-il. Qu’est ce que vous pensez qu’un détaillant va faire avec la marchandise d’été alors que sa prochaine activité commerciale sera celle de l’automne et de l’hiver?»
Poser la question, c’est y répondre. Selon M. Cadieux, de nombreux produits saisonniers ne seront plus utiles et devront être jetés lorsque tout sera revenu à la normale.
Selon l’administration portuaire, il est «encore difficile de comprendre» l’impact qu’aura la fermeture des entreprises non essentielles pour une période temporaire sur les quais. «Il y a plusieurs facteurs qui entrent en ligne de compte. Les conteneurs destinés à des entreprises jugées non essentielles ne seront possiblement pas acheminés vers ces entreprises pour un certain temps», dit Mme Nadeau.
Elle admet qu’il y a donc un potentiel d’accumulation graduellement sur les quais, mais qu’il y a toutefois «une certaine marge de manœuvre». Elle ajoute que la situation est surveillée de très près.
Selon Mélanie Nadeau, il faut aussi tenir compte du fait que partout dans le monde, les villes et pays fonctionnent de plus en plus au ralenti. «On peut présumer que ces pays exportent ou exporteront moins de marchandises au cours des prochaines semaines», affirme-t-elle.
Le président-directeur général de l’ACQ déplore également le fait que les lignes maritimes imposent des frais aux camionneurs après un certains nombre de jours de rétention dans le port ou chez les transitaires. «On tente avec les différents ministère de voir s’il y a d’autres sites où on pourrait aller les porter en attendant. Mais on aura toujours le problème de les vider», émet-il.
Lors du dernier entretien téléphonique, ce matin, le Ministère des transports du Québec travaillait sur des scénarios et des solutions pour régulariser la situation.