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Un projet de maison pour femmes violentées retardé par la Ville de Montréal

La directrice de Transit 24, Blandine Tongkalo Photo: Émile Bérubé-Lupien, Métro Média

La Ville de Montréal tarde à donner le feu vert à un projet de construction de maison d’hébergement pour des femmes victimes de violence conjugale.

L’arrondissement d’Anjou souhaite céder gratuitement un terrain vacant à l’organisme Transit 24 pour la construction d’une maison d’hébergement de neuf unités pour des femmes et enfants victimes de violence conjugale et qui pourrait accueillir une quarantaine de personnes.

Une recommandation a été faite en ce sens lors du conseil d’arrondissement du 1er février, mais le maire d’Anjou soutient que le projet a été «bloqué» par la Ville de Montréal.

La raison donnée à l’Alliance des maisons d’hébergement de 2e étape (Alliance MH2): le terrain n’appartient pas à l’arrondissement, mais à la Ville de Montréal.

«Du côté de l’arrondissement, ils nous disent “Ben non, c’est notre terrain et on a le droit de vous le donner”, et à la ville-centre, ils nous disent le contraire», déplore la coordonnatrice aux dossiers politiques pour l’Alliance MH2, Gaelle Fedida.

Le maire d’Anjou, Luis Miranda, croit de son côté que la Ville de Montréal veut s’attribuer le mérite du projet.

Il s’est fait bloquer parce qu’ils disent que ce n’est pas à l’arrondissement de regarder ça. Je sais ce qu’ils veulent faire. Ils veulent prendre le crédit du dossier.

Luis Miranda, maire d’Anjou

Pas une compétence locale

Du côté de la Ville de Montréal, on soutient que la vente de terrain n’est pas une compétence locale.

«Malgré la bonne volonté de l’arrondissement, la vente de terrains n’est pas de compétence locale, mais bien encadrée par une politique de la Ville, qui permet la cession à des prix préférentiels dans le cas de vente de terrains auprès d’organismes pour des projets de logements sociaux», indique l’attachée de presse principale de l’administration de Montréal, Catherine Cadotte. 

La Ville de Montréal dit reconnaître les besoins de cet organisme qui fait un travail essentiel, ajoutant que le Service de l’habitation fait le suivi de ce dossier auprès de l’arrondissement.

Le développement de projets de logements sociaux impliquant naturellement une grande quantité d’acteurs, il y a une étroite collaboration entre le Service de l’habitation et les arrondissements, et le dossier présent n’y fait pas exception.

Catherine Cadotte, attachée de presse principale de l’administration de Montréal

Projet en péril

Gaelle Fedida raconte que l’Alliance MH2 et Transit 24 attendent depuis six semaines que le dossier se règle, incapables d’obtenir de réponses claires de la part de la ville-centre.

«La réponse que j’ai eue lundi [21 mars] de la directrice du Service de l’habitation, c’était: “Il faut qu’on voie, il faut qu’on évalue, je vais regarder le dossier” […] Ça prend combien de temps pour l’analyser le dossier?», demande-t-elle, exaspérée.

Ce retard risque de mettre en péril le projet, selon Gaelle Fedida, puisque la subvention demandée à la Société canadienne d’hypothèques et de logement (SCHL) a été faite dans un programme de création rapide de logements devant être réalisés en 12 mois.

Si la Ville nous balade déjà pendant six semaines à ne pas savoir si l’on peut ou pas construire là et que ça prend encore du temps, c’est clair qu’on ne sera plus dans les clous du bailleur de fonds.

Gaelle Fedida, coordonnatrice aux dossiers politiques pour l’Alliance MH2

Tout ce que souhaite savoir l’Alliance MH2, ce n’est pas à qui appartient le terrain, mais si on le leur donne, comme promis par l’arrondissement.

«Leurs dédales administratifs, ce n’est pas mon problème», ajoute Gaelle Fedida.

Une maison en surcapacité

Jointe par Métro, la directrice de Transit 24, Blandine Tongkalo, explique que leur maison de première étape est actuellement en surcapacité, le taux d’occupation étant de 112%. De plus, 49% des femmes que l’organisme accueille et qui souhaitent se retrouver dans une maison de 2e étape sont refusées, faute de place.

«Le don de ce terrain était bienvenu et tombait à point nommé, mentionne Blandine Tongkalo. Ça fait des années qu’on attendait ça.»

Si les maisons de 1re étape hébergent des femmes quittant temporairement leur conjoint violent, celles de 2e étape offrent des services spécialisés en violence conjugale postséparation, par l’entremise de logements transitoires sécuritaires. Une étape cruciale, selon Gaelle Fedida, puisque c’est souvent à ce moment que les féminicides sont commis.

L’Alliance MH2 travaille actuellement sur 22 nouveaux projets de maison de 2e étape au Québec, dont six à Montréal, ce qui doublerait les capacités d’accueil.

Il y a des enjeux dans les autres villes, explique Gaelle Fedida, mais rien de l’ampleur de celui qui retarde le projet de Transit 24 à Montréal.

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