Des logements sociaux à l’hippodrome de Montréal?
La Corporation de développement communautaire de Côte-des-Neiges (CDC-CDN) s’est rassemblée le mardi 5 juillet pour demander publiquement le développement de logements sociaux sur le site de l’ancien hippodrome de Montréal, aussi connu sous le nom de Blue Bonnets.
Quelques jours après le grand bal des traditionnels déménagements montréalais du 1er juillet, la Corporation de développement communautaire de Côte-des-Neiges (CDC-CDN), la Table habitation sociale (THS) de Côte-des-Neiges, l’organisme Femmes du monde à Côte-des-Neiges, l’Organisation d’éducation et d’information logement (OEIL) de Côte-des-Neiges et Projet Genèse se sont rassemblés le mardi 5 juillet pour dénoncer d’une seule voix le manque criant de logements sociaux dans le quartier de Côte-des-Neiges.
Des familles sont dans des situations épouvantables d’insalubrité ou de surpeuplement, à la merci de propriétaires abusifs.
Darby MacDonald, organisatrice communautaire à Projet Genèse
«Actuellement, il y a 4235 familles de l’arrondissement qui versent 80% de leurs revenus dans leur loyer et 2490 ménages sont sur une liste d’attente pour en obtenir un à loyer modique», affirme Darby MacDonald, organisatrice communautaire à Projet Genèse.
Les militants pressent la Ville de Montréal et le gouvernement Legault de prendre un engagement pour la réalisation d’au moins 2500 logements sociaux dans le développement du secteur de l’ancien hippodrome de Montréal Blue Bonnets, et de soutenir le financement des deux projets Bates et Westbury déjà amorcés. «Côte-des-Neiges est délaissée et n’est absolument pas dans les priorités d’aucun palier du gouvernement. On a besoin d’un soutien politique, financier», ajoute Mia Jeandonnet-Richard, organisatrice communautaire à la Corporation de développement communautaire de Côte-des-Neiges.
Sur les 6000 à 7000 unités d’habitation dont la construction est prévue sur le terrain de Blue Bonnets, les organismes demandent la création d’au moins 2500 logements sociaux dans un quartier pensé pour répondre aux besoins sociaux et communautaires de la population.
800 dollars de salaire et un loyer de 600 dollars
Parmi les résidents présents à la réunion jeudi, Inès, 62 ans, qui gagne un peu plus de 800 dollars par mois pour un loyer de 600 dollars. «Si on ajoute le téléphone et l’électricité, il ne reste pas beaucoup à la fin pour manger. Pour économiser, j’ai essayé d’arrêter de payer l’abonnement pour le bus, mais si j’arrête de sortir et que je reste seule chez moi, je déprime», explique celle qui vit actuellement dans un 3 1/2 du côté d’Anjou, et attend d’obtenir un logement social depuis quatre ans. «J’aimerais être plus proche du centre-ville, car je suis de plus en plus âgée et j’ai des difficultés à me déplacer, je tombe souvent. J’ai déjà eu trois fractures.»
Si je manifeste, ce n’est pas seulement pour moi, mais aussi pour les autres, car je sais qu’il y a des personnes qui sont dans des situations pires que la mienne.
Inès, 62 ans, résidente en attente d’un logement social.
Courriers et cartons à la mairie
Pour faire savoir que les organismes et habitants sont prêts à «faire leurs cartons» et à déménager dans des logements sociaux à Blue Bonnets, à l’issue de la réunion de mardi, une quinzaine de militants s’est ensuite rendue à la mairie d’arrondissement de Côte-des-Neiges–Notre-Dame-de-Grâce pour y déposer des cartons sur lesquels on pouvait lire différents slogans, comme «nous avons besoin de maisons» ou encore «dignité pour tous».
Les organismes espéraient rencontrer sur place la mairesse Gracia Kasoki Katahwa, et lui remettre en mains propres des messages écrits par des citoyens qui racontent leurs situations respectives et leur attente de logement social.
«La mairesse n’est pas notre ennemie; je vous demande de ne pas être violent ou impoli. On est là pour discuter et tenter de trouver une solution avec elle», a fait savoir au groupe Darby MacDonald, avant de pénétrer dans la mairie. Après plus d’une demi-heure d’attente dans le hall du bâtiment, Etienne Brunet, chef de division, communication et relation avec les citoyens, est descendu à la rencontre des militants, pour récupérer les lettres. «C’est sûr que la mairie va prendre le temps de regarder les courriers. Après, c’est à eux de décider ce qu’ils peuvent en faire, et il faut voir si l’enjeu se retrouve au municipal ou au palier du provincial», a commenté sans se mouiller le fonctionnaire.
Les organismes ont finalement rendez-vous avec la mairesse Gracia Kasoki Katahwa le 11 juillet prochain.
Selon les derniers chiffres de l’Office municipal d’habitation de Montréal (OMHM), l’arrondissement Côte-des-Neiges–Notre-Dame-de-Grâce compte en ce moment 3645 demandes de HLM actives de la part des résidents, et le nombre moyen des jours pour se voir attribuer un logement HLM dans ce secteur est de 2144 jours.