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CDN-NDG va de l’avant avec un projet controversé de terrain synthétique

Le terrain de soccer naturel du parc Mackenzie-King, à Côte-des-Neiges, sera transformé en terrain synthétique. Photo: Nicolas Monet/Métro

Malgré la controverse, Côte-des-Neiges–Notre-Dame-de-Grâce (CDN-NDG) ira de l’avant avec son projet de terrain synthétique multisport au parc Mackenzie-King. Plusieurs citoyens et regroupements demandaient à l’administration de l’arrondissement de protéger l’un des rares espaces naturels du quartier Côte-des-Neiges.

Qualifiant le choix de «déchirant», la mairesse de CDN-NDG, Gracia Kasoki Katahwa, assure, en entrevue avec Métro, que la construction d’un terrain synthétique est «la meilleure décision possible dans le contexte» pour assurer une «transition écologique qui est juste et inclusive».

Côte-des-Neiges souffre d’un déficit d’infrastructures sportives et d’espaces verts après avoir été négligé pendant des décennies, souligne-t-elle. Le seul terrain synthétique du quartier, celui du parc Martin-Luther-King, ne permettrait pas de répondre à la demande. Le futur terrain du parc Mackenzie-King permettra 90 heures de jeu supplémentaires par semaine, soutient l’Arrondissement.

À lire: CDN-NDG: un projet de terrain synthétique qui divise

Il faut s’assurer, lorsqu’on prend des actions pour la transition écologique, qu’on ne laisse personne derrière […] Je ne veux pas sacrifier les jeunes de Côte-des-Neiges.

Gracia Kasoki Katahwa, mairesse de Côte-des-Neiges–Notre-Dame-de-Grâce

«Il faut penser aux bienfaits de l’activité physique. Gardons en tête la sédentarité, la santé mentale, l’obésité, l’isolement, les gangs de rue, la drogue et j’en passe», affirme le porte-parole de l’Association de soccer CDN-NDG, Dilshad Rizvi, par voie de communiqué. «Les jeunes, le grand public de Côte-des-Neiges ont besoin d’espace pour bouger, se divertir, créer des liens d’amitié. Un terrain de soccer synthétique leur permettrait de faire tout cela sur une période plus longue durant l’année.»

Si les jeunes du quartier n’ont rien à faire après l’école, «la réalité, c’est qu’il y a des gens qui vont leur trouver des choses à faire», abonde Gracia Kasoki Katahwa. Les équipes sportives sont des «ascendants sociaux» et offrent des modèles positifs, ajoute-t-elle.

Notons qu’un rapport d’analyse, rédigé par la fonction publique de l’Arrondissement après un processus de consultation publique, recommandait l’aménagement d’un terrain synthétique au parc Mackenzie-King. Plusieurs personnes ayant une expertise en environnement et en santé, ainsi que plusieurs organismes œuvrant auprès de la jeunesse dans Côte-des-Neiges, ont aussi signé une lettre ouverte en faveur du projet.

La mairesse Katahwa déposera une motion lors de la prochaine séance du conseil d’arrondissement, le 4 juillet,  présentant sa vision pour le réaménagement du parc Mackenzie-King et détaillant les standards à suivre pour les prochains projets de terrains synthétiques sur des terrains publics ou privés.

Des mesures pour mitiger l’îlot de chaleur

Assurant avoir tenu compte des voix qui dénonçaient le «sacrifice d’une zone naturelle», l’administration Katahwa s’engage à déminéraliser une surface équivalente à celle du terrain synthétique dans un délai de cinq ans. Les endroits exacts n’ont pas encore été identifiés, mais l’Arrondissement priorisera l’intérieur même du parc Mackenzie-King ou ses alentours.

Utilisation de matières de remplissage organique, pourtour du terrain en gazon naturel, plantation d’arbres et installation de pergolas pour offrir de l’ombre aux alentours: l’Arrondissement a pris diverses autres mesures pour atténuer l’impact de la création d’un îlot de chaleur, suivant les recommandations du rapport d’analyse.

«À l’instar d’autres terrains synthétiques développés au cours des dernières années à Montréal, le nouveau terrain Mackenzie-King saura intégrer techniques et matériaux innovants, afin de répondre aux exigences environnementales actuelles et de réduire les îlots de chaleur», affirme la responsable des sports, des grands parcs et des loisirs à la Ville de Montréal, Caroline Bourgeois.

Carte du BTER sur la vulnérabilité aux chaleurs accablantes. Les zones les plus foncées sont des îlots de chaleur. Annotation: Métro

Par ailleurs, des arbres matures seront plantés pour agrandir et reverdir le boisé Dora-Wasserman, au nord-ouest du parc. Un jardin d’eau sera également aménagé dans le boisé pour faciliter le ruissellement des eaux de pluie, le secteur étant particulièrement vulnérable aux inondations.

En plus du terrain synthétique, le chalet du parc Mackenzie-King sera rénové. D’autres aires de détente du parc seront réaménagées. «On veut bonifier l’expérience des citoyens, peu importe leur utilisation du parc», explique la mairesse Katahwa. Elle cite comme exemples l’usage de barbecues, l’organisation d’événements, les aires pour enfants et le terrain de basketball.

Aucune estimation du budget total du réaménagement du parc n’a été réalisée pour l’instant. L’Arrondissement bénéficie d’une subvention d’environ 4 M$ pour la construction du terrain synthétique. Il déboursera également 2 M$ pour la réfection du chalet.

L’administration de Projet Montréal espère octroyer les contrats pour le terrain synthétique d’ici la fin de l’année, afin que les travaux soient exécutés d’ici 2025. Le reboisement du boisé Dora-Wasserman commencera toutefois cette année.

Projet Montréal est «incohérent» en matière d’environnement, estime l’opposition

«L’Arrondissement n’a pas compris ce qu’est ce terrain-là, ce n’est pas juste un terrain de soccer», déplore Line Bonneau, une résidente du quartier. Le terrain naturel est plutôt utilisé librement pour toutes sortes d’usages par les citoyens, selon elle.

Les mesures de mitigation dévoilée par l’Arrondissement sont loin de satisfaire la citoyenne, qui les qualifie plutôt «de mesures écoblanchiment» servant simplement à paraître environnementalement responsable. «Ça ne sera pas suffisant pour atténuer l’impact des îlots de chaleur. Il fait déjà trop chaud sans terrain synthétique.»

Le boisé Dora-Wasserman «souffre», et il faut «réduire la pression humaine», plaide celle qui milite de longue date pour la protection du boisé.

L’Arrondissement s’imagine qu’un terrain synthétique, c’est un droit humain, mais ça ne l’est pas. Vivre dans un environnement naturel, c’est un droit humain.

Line Bonneau

L’aménagement d’un terrain synthétique «démontre toute l’incohérence de Projet Montréal en matière d’environnement», dénonce le conseiller de la ville du district de Snowdon, Sonny Moroz, qui siège dans l’opposition.

«Cette décision est un non-sens sachant qu’on tente de limiter les îlots de chaleur et que l’arrondissement de Côte-des-Neiges–Notre-Dame-de-Grâce a cruellement besoin de verdure, déplore l’élu d’Ensemble Montréal. En utilisant du synthétique, l’administration va démolir l’ensemble paysager qui fait la beauté du parc Mackenzie-King.»

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