Un changement de nom qui divise
En visite à Ottawa hier, le chef d’État en a profité pour rappeler le rôle de Samuel de Champlain dans la naissance du Canada.
«Il y a tout juste 400 ans, un Français originaire des Charentes, Samuel de Champlain, remontait le Saint-Laurent depuis l’océan et fondait un nouveau pays, votre pays. Il fut le premier gouverneur général du Canada», a-t-il expliqué devant la Chambre des communes.
La Presse annonçait samedi que le gouvernement fédéral a pris la décision de nommer le futur pont sur le fleuve en l’honneur de l’ancien joueur de hockey Maurice Richard. Plusieurs organismes et partis politiques se sont opposés à la décision.
«Le nom du pont le plus fréquenté au Québec commémore rien de moins que le fondateur du Canada et de la Franco-Amérique, l’égal chez nous de Christophe Colomb ou de Magellan», a commenté l’historien Gilles Laporte et président du Mouvement national des Québécoises et Québécois.
«Au-delà de la disproportion à propos de la contribution respective des deux hommes et de l’opportunisme électoral évident qui anime le ministre Denis Lebel, il s’agit bien de la part d’Ottawa de rapetisser un grand jalon toponymique québécois aux proportions d’un Montréalais ayant joué pour une équipe de hockey montréalaise. Ce geste constitue donc le reniement à un grand symbole d’unité au Québec : le fait que le fondateur de Québec et de Trois-Rivières soit aussi célébré dans la métropole du Québec», poursuit-il.
L’annonce n’a pas encore été officialisée. Selon l’article de Denis Lessard, le gouvernement fédéral compte rendre sa décision publique le 9 décembre, soit la date qui coïncide avec le numéro du maillot que portait le hockeyeur.
Qui est Maurice Richard?
Le joueur de hockey, surnommé le Rocket, est né à Montréal, en 1921, et est décédé en 2000. Il est reconnu pour ses prouesses au hockey, notamment en devenant le premier joueur de la Ligue nationale de hockey à compter 500 buts.
Par ailleurs, Maurice Richard a exigé, à travers des entrevues qu’il a accordées aux médias, que les droits des canadiens français soient reconnus dans la LNH. Le 13 mars 1955, lors d’une partie fatidique, il frappe un juge de ligue, alors qu’il est assailli par un autre joueur, Hal Laycoe. Richard écope d’une suspension pour la totalité de la saison, Laycoe s’en tire sans conséquence.
Les Montréalais sont si furieux de cette décision qu’une émeute éclate au Forum lors de la partie suivante. La présence du président de la LNH, Clarence Campbell ne fait qu’envenimer les choses.
«Les partisans des Canadiens de Montréal, dans un mouvement de haine contre le président Clarence S. Campbell, de la NHL, ont fracassé des fenêtres, volé des bijoux étalés dans des magasins et maltraité des citoyens innocents durant des heures après que la partie entre Montréal et Détroit a été annulé avec seulement une période de jouée», avait rapporté la Presse Canadienne à l’époque.
Cette émeute est considérée par certains comme étant l’un des éléments déclencheurs de la Révolution tranquille.
À son décès, Maurice Richard a eu des funérailles nationales à la Basilique Notre-Dame.
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