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Lorsque l’achat local paie: la librairie de Verdun agrandit

Photo: Anne-Frédérique Hébert-Dolbec/TC Media

Alors que les libraires indépendants québécois subissent les soubresauts de la compétition féroce que leur livrent les plateformes d’achats en ligne et les magasins à grande surface, la Librairie de Verdun fait figure d’exception. La boutique de la rue Wellington, qui fêtera en 2016 son 10e anniversaire, est en pleine croissance. Elle s’apprête d’ailleurs à emménager dans des locaux qui font plus du double de la superficie actuelle.

Le propriétaire Philippe Sarrasin demeure très modeste lorsque nous abordons la question de son succès plus qu’étonnant. Rien de ce projet d’agrandissement n’aurait été possible sans la volonté d’achat local qui prévaut depuis peu dans la communauté verdunoise.

Cette année, l’arrondissement a décidé de s’approvisionner à la librairie de Verdun, agréée depuis son ouverture par le ministère de la Culture, plutôt que dans les grandes bannières.

«Ça a pris dix ans, mais on a enfin convaincu l’administration verdunoise d’acheter chez nous pour remplir les tablettes des bibliothèques de l’arrondissement, soutient M. Sarrasin. On a une nouvelle équipe d’élus qui croit au développement local et ils en ont fait une politique. Je veux les remercier, car ça a des impacts directs.»

Le plus gros acheteur
Le propriétaire est convaincu que, si la Ville de Montréal appliquait les mêmes règles, la vingtaine de librairies indépendantes agréées de la métropole seraient sauvées. Il en fait même son prochain combat.

«Les achats sont concentrés chez deux ou trois gros joueurs à Montréal. Pourtant, on est tous tenus par la loi de vendre au même prix. La ville doit prendre conscience qu’elle est le plus grand acheteur de livres sur l’île. Ils ont un budget qui avoisine le 10 M$. Répartis ça en 20, et tu as une solution beaucoup plus efficace que celle du prix unique. »

Rappelons qu’en juin 2014, le gouvernement Couillard avait décidé de ne pas réglementer le prix du livre, une politique qui visait à fixer le prix des nouveautés afin de ne pas favoriser les magasins à grande surface qui peuvent se permettre de vendre à rabais.

Voir en grand
Grâce à l’aide de l’administration locale, M. Sarrasin peut de son côté faire face à la concurrence et plaire à son nombre élevé de clients, en déménageant ses pénates dans des locaux situés à l’angle de Wellington et de la 3e Avenue, passant de 2900 à 7000 pieds carrés.

«C’était devenu une nécessité. On reçoit beaucoup d’offres d’entreprises qui veulent travailler avec nous pour vendre leurs produits. Mais on doit refuser parce qu’on n’a plus de place. Au niveau du livre, l’espace ne nous permettait pas de sortir suffisamment des sentiers battus», souligne-t-il.

M. Sarrasin attribue également son succès à l’esprit de communauté qui anime les résidents de Verdun et aux liens qui se sont tissés au fil des années entre la boutique et ses clients.

«En tant qu’indépendants, nous ne gagnerons jamais la guerre des prix. Je n’ai pas le choix de miser sur des services et des choix différents. Je viens juste d’engager des nouveaux libraires spécialisés. On doit développer des liens avec nos clients, ils doivent se sentir bien accueillis et toujours trouver ce qu’ils cherchent, même si c’est un livre qui traite d’un sujet très pointu.»

Le propriétaire bouillonne d’idées pour son nouveau commerce, qui ouvrira ses portes en mars 2016 si tout se déroule comme prévu. Il souhaite miser encore davantage sur l’espace familial et les activités qui font la promotion de la lecture. Il espère pouvoir aussi offrir une section totalement dédiée à la littérature anglophone.

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