Au revoir, les voisins!
Pierrette et Fidèle Cayer ont laissé derrière eux 51 ans de souvenirs mardi. Le couple a quitté son appartement de la rue Osborne, où ils ont élevé leurs quatre enfants, pour aller s’installer en résidence. Ils ont vu Verdun changer, évoluer, des voisins quitter et d’autres arriver. C’est une partie de l’âme du quartier qui tourne la page sur un demi-siècle d’histoire.
«Ils ont été les premiers à voir ma fille après sa naissance, quand on est revenus de l’hôpital», raconte leur voisine d’en face, Julie Villeneuve. Maintenant, sa petite Olivia a presque quatre ans et fait partie des nombreux enfants qui s’arrêtent pour saluer Pierrette et Fidèle en passant devant chez eux.
L’homme de 83 ans a toujours de petites boîtes de raisins secs pour les gâter. «Ils se rappellent tous de moi, même les plus petits», lance-t-il.
Les Cayer ont toujours accueilli les enfants avec bonheur dans leur 5 et demi. Pierrette organisait souvent des partys pyjamas pour ses neuf petits-enfants. «Ils passaient toute la fin de semaine avec nous, et il y avait des sacs de couchage partout», se souvient-elle avec un grand sourire.
Coup de chance
Les Cayer ont bien failli ne pas obtenir leur appartement en 1965. Le mari de la propriétaire de l’époque n’aimait pas l’idée d’avoir un couple avec quatre enfants comme locataires.
Mais Fidèle a réussi à la convaincre avec ses talents de rénovateur. Il s’est engagé à faire plusieurs réparations gratuitement. «La propriétaire n’avait qu’à payer les matériaux, alors elle était bien contente», dit-il fièrement.
Ils ont signé un bail de dix ans. La première année, le salon a été encombré de tous les outils du bricoleur.
Depuis, les Cayer ont vu passer trois propriétaires différents. Ils s’estiment bien chanceux d’avoir toujours pu garder leur logement du premier étage. «Il faut dire que j’ai toujours eu un bon destin,» indique Fidèle.
Nouveau départ
C’est un déracinement pour Pierrette Cayer, née Hamelin, de quitter le quartier où sa famille est installée depuis trois générations. Son grand-père entrepreneur et son père facteur y étaient bien connus. C’est tout de même elle qui a convaincu son mari de déménager. Cardiaque, elle peinait à monter les neuf marches qui mènent à leur appartement.
Même s’il est ému à l’idée de quitter Verdun, Fidèle s’est fait à l’idée, convaincu qu’il pourra être heureux n’importe où. «Quand on est comme moi, porté à parler beaucoup aux gens, on n’a pas de difficulté à s’adapter», assure le retraité.
Il continuera à venir déjeuner avec ses amis à Verdun, même si plusieurs sont maintenant disparus. Mais il a déjà tissé des liens avec quelques résidents du Irish Square de Notre-Dame-de-Grâce, où il habite désormais, avec qui il pourra écrire un nouveau chapitre de sa vie.
