Terrain convoité à Lachine
Le terrain qui abrite l’usine vétuste de Syncrodrive, à Lachine, se trouve au cœur d’une polémique immobilière. Les promoteurs, qui espéraient y ériger un complexe de 28 condos, ont été confrontés à la résistance des voisins désirant préserver l’ambiance idyllique du site.
« Le projet, qui se présente comme un immense bloc de maçonnerie, ne cadre tout simplement pas avec le patrimoine du quartier, qui compte entre autres la plus ancienne maison qui subsiste du Régime français, la maison LeBer-Lemoyne », affirme Mona André Rainville, la résidente à la tête de groupe.
Situé entre le Parc René-Lévesque, la marina de Lachine et le fleuve, à l’entrée du Lac St-Louis, le lopin de terre du 333, Chemin du Canal, inexploité depuis la fermeture de l’usine de pièces Syncrodrive, a trouvé preneur en août 2015. Un conglomérat de trois investisseurs, dont le promoteur, avait versé 1,3 M$ pour l’acquisition du lot de 2575 m2.
Le litige a éclaté durant une séance d’information menée par Habitations Louis Lefebvre, le 19 mai. Alors que le promoteur présentait l’ébauche du projet, des échanges assez animés ont tourné à l’insulte.
« Nous avons été très surpris par la réaction des gens. Nous avions choisi des matériaux qui selon nous, cadraient avec le milieu. Nous étions conscients que nous devions présenter un projet tout aussi exceptionnel que le site l’est », confie la directrice du projet, Ève Drouin.
Soupçons
Choqués, les résidents ont fait des recherches, qui les ont fait douter de la légitimité de la vente du terrain.
Initialement propriété du gouvernement fédéral, le lot a été acquis par le provincial qui l’a ensuite vendu à un particulier pour 220 000$ en avril 2015. Six mois plus tard, trois associés, dont Claude Lavigne, le neveu du propriétaire, l’achetait pour sept fois le prix.
Normalement, Québec aurait dû offrir le terrain en priorité à l’arrondissement selon la loi sur les domaines hydriques. Lachine aurait alors eu la possibilité d’en prendre possession pour 1$. Selon les informations des résidents, cela n’a pas été fait.
« Le projet ne nous a pas encore été officiellement présenté. Nous avons vu quelques dessins et ils nous ont fait sourciller. Nous vérifions cependant les dires des résidents à savoir si l’on pourrait acquérir le site », explique le directeur des Services administratifs, greffe et relations avec les citoyens, Benoît Glorieux.
Négociations
Entre-temps, le promoteur poursuit ses démarches en vue de la construction du complexe. La directrice du projet soutient que les plans sont en train d’être revus afin de tenir compte des demandes du voisinage.
« Nous sommes déterminés à trouver un terrain d’entente,[…]Mais les citoyens ont fermé les communications », déplore Mme Drouin.
L’avenir de ce terrain convoité demeure incertain. Lachine attend le résultat de ses recherches pour passer à la prochaine étape.
« Il y a trop de détails nébuleux pour savoir si on était même intéressés à l’acquérir. Au-delà de notre désir, il y a des coûts, et si nous n’avons pas les moyens de payer le lot et sa décontamination, nous ne sommes pas plus avancés », renchérit M. Glorieux.
Pour sa part, le regroupement de citoyens a eu quelques assemblées et a nommé la conseillère Maja Vodanovic comme représentante auprès de l’arrondissement. Ils attendent aussi le résultat de l’enquête avant de se prononcer.