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Le film «Reste» sélectionné au Festival international du film de Vancouver

La sélection du film «Reste» au VIFF donne accès à la cinéaste à la qualification aux prix Écran canadiens, soit la plus importante cérémonie de cinéma au pays. Photo: Gracieuseté, La bande Sonimage

Une réalisatrice du Plateau-Mont-Royal, Ginger Le Pêcheur, présentera son tout premier film, Reste, devant un public international. Le court-métrage a été sélectionné pour faire partie de la programmation de l’un des plus grands festivals de films d’Amérique du Nord: le Festival international du film de Vancouver (VIFF), qui a débuté le 29 septembre.

Au téléphone, Ginger Le Pêcheur se remémore le moment où le responsable de la distribution chez La bande Sonimage, Laurent Bilodeau, lui a appris la bonne nouvelle. «J’étais chez moi, Laurent m’a appelée. Il m’a dit: “Écoute, j’ai une très bonne nouvelle: le film s’en va à Vancouver!” Je n’en revenais vraiment pas!»

«Je suis très reconnaissante. Je crois que c’est ça qui m’envahit le plus.» Reconnaissante, car il s’agit d’une première œuvre cinématographique signée par la jeune réalisatrice de 22 ans originaire du petit village normand de Verneuil-sur-Avre.

«J’ai très conscience que j’ai encore beaucoup de chemin à parcourir dans mon écriture, dans ma manière d’appréhender la réalisation. J’ai très conscience de ça. Donc, le fait de savoir que c’est mon tout début et d’avoir tout de même cette reconnaissance-là… ça m’a beaucoup touchée», poursuit-elle.

Le déclic pour le cinéma

Avant de «se lancer là-dedans», Ginger Le Pêcheur raconte que c’est durant son adolescence en France qu’elle a commencé son parcours artistique pluridisciplinaire. Elle est montée sur les planches la première fois à 12 ans, pour devenir ensuite metteuse en scène pour une troupe de théâtre d’adultes à 14 ans. Et comme l’adage «jamais deux sans trois» le dit si bien, c’est au cours de cette période qu’elle s’est initiée à la photographie.

«Le déclic a été pour moi justement à l’adolescence, quand je baignais dans le monde [de l’art]. J’ai commencé à être approchée pour faire de la photographie de spectacle et je me suis proposée pour faire la prise de vue pendant les représentations de théâtre de tout ce qui se passait dans ma ville, explique-t-elle. À force d’en faire, j’ai comme eu un déclic de la représentation de la mise en scène en réel. Ç’a été un déclic de me dire que moi, ce que j’aime vraiment, c’est mettre en image l’articulation d’une mise en scène, qui est le cinéma pour moi.»

Forte de cette découverte, c’est à seulement 17 ans qu’elle s’est retrouvée dans un avion en direction de Montréal, pour entreprendre des études cinématographiques à l’Université de Montréal.

Reste: un drame naturaliste

Durant les sept minutes que dure le court-métrage, aucune parole n’est prononcée. À travers les multiples plans-séquences, le spectateur assiste au quotidien de Chichou, une fillette de six ans, rôle interprété par Maëllya Gauvin.

Alors qu’elle quitte sa chambre colorée et lumineuse, dont elle vient de peindre les murs, Chichou s’adonne innocemment au rangement de l’appartement. Les vestiges de la veille dévoileront avec subtilité son histoire, teintée par la violence.

«Le film prend place au lendemain d’un événement, parce que c’est au lendemain des événements que, parfois, on réalise ce qu’ils ont engendré en nous comme trauma, comme souvenirs et à quel point c’est constructeur», souligne Ginger Le Pêcheur.

Le nom du film, Reste, prend ainsi tout son sens. «[Le film] est une réflexion sur le fait de rester dans des situations qui ne sont pas les meilleures pour nous. Il y a également le sentiment d’évoluer dans les restes de quelque chose qui s’est passé, mais qui a un impact sur nous», précise la cinéaste.

Un regard doux sur les zones grises de la violence

C’est dans la simplicité et la candeur que Ginger Le Pêcheur a décidé d’aborder l’impact de l’enfance sur la construction de soi et les zones grises de la violence.

Ce «regard doux» posé sur la réalité sociale ainsi dépeinte s’accorderait avec son engagement de faire du cinéma qui est représentatif de la réalité et qui permettrait de mieux naviguer au sein des dualités de l’être humain, leurs zones grises. «Ce n’est jamais noir ou blanc», croit la réalisatrice.

Quant aux motivations qui l’ont poussée à mettre en scène de tels sujets, elle croit que l’âge y est peut-être pour quelque chose. «Le début de la vingtaine, c’est la réalisation de beaucoup de choses. On sort de l’adolescence, on s’émancipe davantage, on réfléchit beaucoup plus à qui on est, comment on se construit, etc. On part vraiment de soi.»

À cet égard, outre Chichou –qui est un surnom qu’on donnait à Ginger Le Pêcheur durant son enfance – Reste serait «librement inspiré de choses qui [la] rejoignent personnellement».

«Dans ma démarche, je ne parle pas de choses que je ne connais pas et que je ne comprends pas profondément. Mais j’avais aussi besoin de pouvoir sentir à travers mon récit qu’il y ait une certaine forme d’universalité ou une manière de rejoindre plus que moi.»  

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