Percer la lumière, avec Nüvü caméras

Marie-Eve Ducharme et Olivier Daigle se sont lancés en affaires il y à à peine deux ans, et sont déjà en pleine expansion, grâce à leurs produits novateurs.

Les débuts

«Je ne pensais pas me partir en affaires», confie le scientifique Olivier Daigle, qui a inventé le premier prototype de caméra de l’entreprise pendant son PhD en physique à l’Université de Montréal en 2009.

Alors qu’il travaille pour une autre compagnie, dans laquelle il rencontre Marie-Eve Ducharme, les deux alliés choisissent de créer leur propre entreprise, voyant le potentiel de la caméra comme produit commercial. Deux ans, des articles, des locaux et plusieurs distinctions plus tard, Nüvü Caméras compte aujourd’hui huit employés, et plusieurs clients importants, dont la NASA.

L’invention qui change la science

La caméra dite «EMCCD», pour «Electron Multiplying Charge Coupled Device», permet, entre autres, de déceler la lumière là où il n’y a en a à peu près pas, et de lire des données avec une précision inégalée jusqu’à maintenant, grâce à un système complexe hautement scientifique.

Par exemple, la caméra de M. Daigle et Mme Ducharme est très utile dans le domaine de l’astronomie, pour étudier les étoiles qui produisent peu de lumière.

La caméra de Nüvü peut aussi changer le domaine biomédical, notamment pour suivre, par exemple, l’évolution d’une tumeur implantée dans une souris pour la recherche. «Au lieu de la tuer pour observer la progression, notre caméra permet de voir à travers la souris vivante», explique M. Daigle.

Le domaine militaire pourrait également être intéressé à l’appareil des deux entrepreneurs, «mais au début, il faut cibler un marché, et le développer. C’est déjà un défi. Le domaine des hautes technologies est très compétitif», dit Mme Ducharme, qui s’occupe de la gestion et la commercialisation de l’entreprise.

Se tailler une place

Pour une jeune boîte, Nüvü est déjà bien positionnée. À l’automne, l’entreprise s’est retrouvée finaliste pour un prix de la Fondation du Maire. Olivier Daigle a été désigné personnalité de l’année science par La Presse/Radio-Canada l’année passée, ainsi que de nombreuses autres distinctions pour l’invention de la caméra.

«Mais il faut quand même bâtir notre crédibilité, surtout à l’étranger», confie Mme Ducharme, résidente du Plateau, qui aimerait un jour avoir les locaux de l’entreprise dans son quartier.

Nüvü a déjà des clients entre autres au Brésil et aux États-Unis, mais vise à s’étendre le plus possible. Des compétiteurs conçoivent aussi des caméras scientifiques, mais qui ne sont pas aussi novatrices que celle développée les jeunes inventeurs. «Mais il faut nous faire connaître, et convaincre nos clients potentiels en quoi la caméra pourrait changer leurs pratiques», ce qui demande du temps et de l’énergie, mais les jeunes professionnels semblent sur la bonne voie et sont enthousiastes de l’avenir.

La tête dans les étoiles, Marie-Eve Ducharme et Olivier Daigle poursuivent leur expansion, un photon à la fois.

Gabrielle Brassard-Lecours